États-Unis - Italie - Restitutions

L’Italie veut récupérer une statue du Minneapolis Institute of Art 

Par Paul Bérat · lejournaldesarts.fr

Le 25 mai 2022 - 418 mots

ITALIE / ÉTATS-UNIS

L’œuvre, achetée par le musée il y a quarante ans, aurait été volée sur un site archéologique italien dans les années 1970. 

Polyclète (d'après), Doryphore (ou « Porte-lance ») , 120-50 avant J.-C., marbre, 198 x 48 x 48 cm. © Minneapolis Institute of Art - Public Domain
Polyclète (d'après), Doryphore (ou « Porte-lance ») , 120-50 avant J.-C., marbre, 198 x 48 x 48 cm.

Le tribunal de Torre Annunziata (près de Pompéi), réclame au Minneapolis Institute of Art la restitution d’une des rares copies antiques romaines du célèbre Doryphore de Polyclète. Il prétend qu’elle a été volée sur le site archéologique de Castellammare di Stabia (près de Torre Annunziata), et non repêchée en mer, au large des côtes italiennes, comme l’affirme le musée américain depuis qu’il en a fait l’acquisition il y a 40 ans, pour 2,5 millions de dollars. 

Selon le procureur général de Torre Annunziata, Nunzio Fragliasso, le Minneapolis Institute of Art ne pouvait pas ignorer les réserves émises depuis longtemps par les archéologues sur sa provenance. « Les équipes du musée ont forcément eu des doutes », a-t-il déclaré. D’autant plus que la statue, comme il l’explique, « ne montre aucun signe qui permette de dire qu’elle a été sous l’eau de mer salée pendant très longtemps. […]. Elle ne peut venir que de la terre »

Les responsables du musée de Minneapolis disent ne pas avoir encore été contactés par les autorités italiennes. « Si le musée est contacté, alors nous examinerons la question et nous y répondrons ». Dans l’attente, ils déclarent « avoir mené des recherches sur leurs acquisitions, y compris en interrogeant des chercheurs d’universités extérieures »

Polyclète (d'après), Doryphore (ou « Porte-lance ») , 120-50 avant J.-C., marbre, 198 x 48 x 48 cm. © Minneapolis Institute of Art - Public Domain
Polyclète (d'après), Doryphore (ou « Porte-lance ») , 120-50 avant J.-C., marbre, 198 x 48 x 48 cm.

Les doutes sur l’origine de la statue ne datent pas d’hier. En 1980, une chaîne de télévision italienne avait diffusé un reportage dans lequel était émise l’hypothèse d’un vol à Castellammare di Stabia. En 1984, les autorités italiennes avaient ordonné le retour en Italie de l’œuvre, acquise par un collectionneur et mise en dépôt à la Glyptothèque de Munich. C’est même à cause de son « origine douteuse », que la Glyptothèque (dédiée à la sculpture grecque et romaine) ne l’avait pas achetée lorsqu’elle était sur le marché en 1986, disent certains de ses anciens employés. 

Eike Dieter Schmidt, l’actuel directeur de la Galerie des Offices, autrefois conservateur du Minneapolis Institute of Art, affirme avoir voulu aider l’Italie pour retracer l’histoire de la statue après son acquisition par le musée en 1986. Mais ses représentants de l’époque, dit-il, après quelques échanges par courrier, ne se sont finalement jamais présentés au Minneapolis Institute of Art. 

En février dernier, le procureur a demandé aux autorités judiciaires américaines de faire exécuter l’ordonnance du juge de Torre Annunziata. Si le musée de Minneapolis restitue la statue à l’Italie, celle-ci serait exposée au Musée Liberio d’Orsi, ouvert en 2020.  
 

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