Liban - Disparition

Liban : décès d'Yvonne Sursock Cochrane, « mémoire » d'un Beyrouth révolu

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 1 septembre 2020 - 387 mots

BEYROUTH / LIBAN

Figure emblématique de la défense du patrimoine architectural de Beyrouth, Yvonne Sursock Cochrane, qualifiée par certains de « mémoire » de la capitale libanaise, est décédée lundi à l'âge de 98 ans, ont annoncé ses proches sur Facebook.

Le musée Sursock à Beyrouth, Liban. © Photo Bdx, 2017
Le musée Sursock à Beyrouth, Liban.
Photo Bdx, 2017

Ceux-ci n'ont pas précisé si sa mort était directement liée à ses blessures dans l'explosion au port de Beyrouth qui a fait le 4 août au moins 188 morts, plus de 6 500 blessés et dévasté des pans entiers de la ville.

A la tête de l'Association pour la protection des sites et anciennes demeures (APSAD) de Beyrouth, fondée dans les années 1960, Mme Sursock Cochrane a consacré sa vie à la préservation d'un patrimoine architectural malmené par 15 années de guerre civile (1975-1990), suivies d'une longue ère de reconstruction sauvage et chaotique qu'elle a dénoncée comme un « massacre archéologique ». « Beyrouth, jadis l'un des joyaux de la Méditerranée, en est devenu l'ordure », dénonçait dans les années 1990 « Lady Cochrane », appelant à « refaire de ce pays le jardin du Moyen-Orient ».

Le souffle de l'explosion gigantesque du 4 août l'a projetée de plusieurs mètres de la terrasse où elle avait l'habitude de prendre le thé, la couvrant de blessures et d'ecchymoses. Son palais, un joyau architectural du XIXe siècle a également été endommagé, des portes ayant été arrachées, des vitraux brisés et des panneaux en bois de l'époque ottomane balayés.

Les Sursocks sont l'une des plus grandes familles grecques orthodoxes du Liban, descendant de marchands qui ont fui le sac de Constantinople en 1453. Ils ont reconstruit leur fortune, avec des palais, des terres et des investissements industriels en Egypte, en Palestine et au Liban. Mariée à un lord irlandais, Yvonne Sursock Cochrane avait presque l'âge de son pays, qui célèbre mardi son premier centenaire.

Sur les réseaux sociaux, l'annonce de sa mort a suscité émoi et nostalgie, des internautes déplorant la perte d'une « mémoire de Beyrouth ». « Une page d'un certain Liban raffiné, cultivé et cosmopolite se tourne », a réagi sur Facebook une internaute.

Selon l'Unesco, 640 bâtiments historiques ont été touchés par l'explosion et 60 risquent l'effondrement. La directrice de l'agence onusienne, Audrey Azoulay, a estimé à plusieurs centaines millions de dollars les dégâts subis lors d'une conférence de presse tenue dans les jardins du Palais de « Lady Cochrane », à Beyrouth.

Cet article a été publié par l'AFP le 31 août 2020.

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