Fondation - Patrimoine

Les projets inédits de la Fondation du Patrimoine

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 29 avril 2025 - 597 mots

La fondation voudrait notamment mieux conseiller les élus pour restaurer leur patrimoine non protégé.

Alexandre Giuglaris. © Apolline Cornuet / La Clef Prod
Alexandre Giuglaris.
© Apolline Cornuet / La Clef Prod

France. La Mission Bern et la collecte de dons pour Notre-Dame ont placé la Fondation du Patrimoine sur une orbite bien plus élevée que lors de son lancement en 1995. Ses ressources ont été multipliées par trois depuis 2017 et son champ d’action s’est élargi, en particulier vers le patrimoine naturel. Fort de cette dynamique, Alexandre Giuglaris (voir ill.), son directeur général voudrait maintenant prendre la mesure des efforts encore à accomplir pour restaurer le patrimoine qui le nécessite.

Depuis quelques années, le ministère de la Culture réalise un bilan sanitaire des quelque 44 000 monuments historiques. La précédente campagne, datée de 2013-2018 et rendue publique en 2020, avait évalué que près d’un quart de ces monuments était soit en péril, soit en mauvais état. Un constat sans doute sous-évalué car il repose sur de simples constatations visuelles et sur une extrapolation (tous les monuments non pas été évalués). Le prochain bilan doit arriver prochainement sur le bureau du directeur général du patrimoine.

Mais les monuments protégés ne représentent que 15 % du Patrimoine monumental. Grâce à l’inventaire (confié aux Régions), une grande partie de ce patrimoine est maintenant connu, mais pas son état. La Fondation du patrimoine a décidé de monter un observatoire du patrimoine non protégé et de procéder par sondage pour évaluer son état sanitaire. Les résultats de la première enquête devraient bientôt être communiqués.

En revanche, le bilan du ministère et le sondage de la Fondation ne disent pas combien il faudrait dépenser pour les restaurer. C’est, il est vrai, quasi impossible à évaluer sauf à utiliser des ratios approximatifs. Ce qui est moins compréhensible, c’est l’absence totale de chiffres consolidés sur ce que dépense la France chaque année pour restaurer ses immeubles comme le soulignait la Cour des comptes en 2022. Elle estimait cependant que l’État et les collectivités locales avaient dépensé 1,3 milliard d’euros en 2019 (et 2 Mds€ en 2021 grâce au plan de relance).

Fort Boyard. Patrick Despoix, 2015, CC BY-SA 4.0
Fort Boyard.
© Patrick Despoix, 2015

Mais il n’est pas nécessaire d’attendre ces bilans pour percevoir l’ampleur des efforts à accomplir. Les maires qui sont en première ligne le savent bien quand il faut restaurer une église ou une vieille demeure. Les 1 000 bénévoles de la Fondation sont en contact régulier avec ces élus qui leur font part de leur désarroi. Or, ces bénévoles ont acquis au fil des campagnes de repérages de sites à protéger et de dossiers à monter pour les collectes, une expertise de plus en plus fine sur ce qu’il faut faire. Pourquoi ne pas mettre ce savoir-faire au service des élus ? C’est exactement ce qu’Alexandre Giuglaris a en tête avec trois visées : « Nous voulons aider les élus qui se sentent bien seuls lorsqu’il s’agit de restaurer un patrimoine non protégé, faire baisser les coûts des chantiers et motiver nos bénévoles avec de nouvelles missions », explique-t-il.

Mais n’est-ce pas l’une des pistes envisagées par la ministre lorsqu’elle a évoqué un « National Trust à la française » ? Il paraît inenvisageable d’un point de vue économique que ce « National Trust » prenne en gestion des petits sites (avec quel argent ?) comme le fait l’organisme britannique. Comme il paraît peu réaliste que cette nouvelle agence française réussisse à faire adhérer des millions de membres (avec quelles contreparties ?). En revanche, elle pourrait conseiller les propriétaires privés et les élus. C’est précisément ce que la Fondation du Patrimoine envisage de faire, d’autant qu’elle dispose déjà de 75 000 membres donateurs. « Nous sommes perplexes sur les modalités pratiques du projet du projet », lâche un brin désabusé Alexandre Giuglaris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°654 du 25 avril 2025, avec le titre suivant : Les projets inédits de la Fondation du Patrimoine

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