Centre d'art

Paris

Les grands travaux du Palais de Tokyo

Le site unifié accueillera, en 2012, une triennale confiée au curateur américano-nigérian Okwui Enwezor.

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 4 novembre 2010 - 725 mots

PARIS

PARIS - Programmés pour débuter en mars-avril 2011, les travaux du Palais de Tokyo chambouleront l’architecture et le programme actuel du Site de création contemporaine.

Les principaux espaces d’exposition du niveau supérieur seront fermés jusqu’en octobre 2011. Durant cette période intermédiaire, l’auditorium de 250 mètres carrés se transformera en lieu d’exposition accueillant un événement tous les deux mois. Les deux modules-Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent seront conservés, tout comme l’espace les séparant, qui deviendra le théâtre du programme « Reboot », lancé par un tout nouvel institut des sciences et pratiques de l’art, dirigé par le curateur Christophe Kihm. Dix séances organisées deux jeudis par mois, à partir de février prochain, questionneront l’idée du lieu d’art. 

Projets spéciaux
À partir d’octobre 2011, ces espaces seront clos pour travaux, tandis que ceux préalablement fermés rouvriront pour accueillir l’exposition « Le prestige ». « Il s’agit d’aborder l’idée de réappropriation, après avoir traité de la disparition avec "Chasing Napoléon" », précise Marc-Olivier Wahler, directeur du Site de création contemporaine. Pendant tout le temps de la fermeture, ce dernier invitera une dizaine d’artistes à intervenir dans l’entrée du bâtiment et dans les douves. Bien qu’actuellement d’un accès limité, l’espace en friches au sous-sol sera aussi animé par des projets spéciaux ponctuels, à l’image de « Rachel, Monique » de Sophie Calle, organisé jusqu’au 27 novembre. À partir du 7 janvier 2011, le réalisateur Amos Gitaï s’emparera de l’endroit avant de laisser la place à Tania Mouraud. « Il faut que ce lieu respire déjà l’art et les artistes, indique Olivier Kaeppelin, chef de projet du Palais de Tokyo. Sophie Calle est une artiste française de notoriété internationale. Amos Gitaï est un étranger vivant entre la France et Israël tandis que Tania Mouraud a une œuvre exceptionnelle et pas assez reconnue. » L’axe artistique n’est pas tout, puisqu’il est prévu de privatiser le lieu pour mettre du beurre dans les épinards. La marque Lacoste louera ainsi les espaces en jachères du 6 au 17 décembre. Le forum « Accès à la culture », regroupant des associations autour de la dimension sociale de la culture, s’y installera enfin les 3 et 4 février 2011.

Lors d’un discours prononcé le 18 octobre en préambule de la FIAC, à Paris, le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a annoncé que le Palais de Tokyo unifié serait inauguré en mars 2012 par la triennale qui remplacera « La force de l’art ». Pourquoi cette manifestation quitte-t-elle le Grand Palais pour le Palais de Tokyo ? Tout d’abord pour des questions de coûts trop prohibitifs puisque la dernière opération, dénuée de tout retentissement national ou international, avait coûté la bagatelle de 5,4 millions d’euros ! D’après des familiers du projet, la raison comptable n’explique pas tout. « Un artiste est mieux porté par un label. Or le Palais de Tokyo est un label. Lorsque Loris Gréaud expose au Palais de Tokyo, il bénéficie de tout ce qui a pu être fait avant », indique un observateur. La même stratégie préside au choix d’un poids lourd étranger, Okwui Enwezor, pour assurer le commissariat général de cette triennale. Le maître d’œuvre de la Documenta de Cassel de 2002 sera assisté de trois commissaires français nommés d’ici la fin de l’année. « L’idée était d’amplifier le projet en lui donnant une dimension plus internationale, en faisant venir quelqu’un qui lui apporte une aura, souligne Nicolas Bourriaud, inspecteur général de la création artistique. Qu’Enwezor n’ait pas travaillé sur la scène française n’est pas un problème, de la même manière que je n’avais pas travaillé sur la scène anglaise lorsque j’avais fait la triennale de la Tate [à Londres]. Il est très intrigué, séduit par les artistes français qui commencent à émerger sur la scène internationale, comme Adel Abdessemed ou Latifa Echakhch. »

Un autre candidat était aussi en lice, le critique et curateur américain Bob Nickas. « Son projet était très intéressant, avec une dimension historique, mais celui d’Okwui Enwezor était plus proche de ce qu’on attendait, avec une attention portée à la francophonie, à la dimension internationale de la culture française », explique Nicolas Bourriaud. L’exposition dépassera la scène française stricto sensu pour s’aventurer dans l’espace francophone, et notamment l’Afrique. Le choix d’un regard étranger est d’autant plus pertinent qu’il permet de dépasser les querelles de chapelles et de réseaux, les hiérarchies implicites propres à tout écosystème. 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°334 du 5 novembre 2010, avec le titre suivant : Les grands travaux du Palais de Tokyo

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