Royaume-Uni

CRISE SANITAIRE

Le National Trust taille dans le vif

L’organisation britannique qui s’est donné pour but la préservation du patrimoine va supprimer plus de 1 300 postes et sabrer dans ses dépenses.

Londres. La principale organisation britannique dévolue à la préservation du patrimoine naturel et architectural va réduire le nombre de ses employés de 10 % au cours des prochains mois. Le National Trust a annoncé 514 licenciements, dont 62 saisonniers, et 782 départs volontaires, dont 146 saisonniers. Actuellement, il emploie 8 015 permanents et environ 6 000 saisonniers, auxquels s’ajoutent 53 000 bénévoles (une tradition dans les musées et monuments anglo-saxons).

Le National Trust a été particulièrement affecté par le coronavirus, qui l’a obligé à fermer ses 500 sites entre le 23 mars et le mois de mai. Depuis leur réouverture, la plupart de ces espaces ne peuvent pas accueillir autant de visiteurs qu’avant la pandémie.

Une perte d’exploitation de 221 millions d’euros

Outre une économie attendue de 60 millions de livres sterling (66 M€), le National Trust a annoncé une réduction de 41 millions de ses dépenses non liées aux salaires et le report ou l’annulation de projets à hauteur de 124 millions de livres. Le même jour, le secrétaire d’État au Numérique, à la Culture, aux Médias et au Sport, Oliver Dowden, a promis une aide exceptionnelle de 6 millions de livres.

Dans son rapport annuel d’activité pour l’année 2019-2020 (l’année fiscale britannique s’achève début avril), l’organisation avait estimé que les restrictions liées au Covid-19 entraîneraient une baisse de 40 % de ses revenus liés aux visiteurs (billets, vente de produits commerciaux et de restauration) et une baisse de 15 % du nombre d’adhérents. Elle avait donc tablé sur une perte opérationnelle de 200 millions de livres pour l’ensemble de l’année 2020-2021, l’obligeant à puiser 100 millions de livres dans ses réserves accessibles, qui s’élèvent à 317,7 millions de livres, et à emprunter 60 millions.

L’annonce a été plutôt bien accueillie par le syndicat Prospect. « Le plan actuel, bien que dévastateur pour ceux qui perdent des emplois qu’ils aiment, est un moyen raisonnable d’aller de l’avant, en minimisant les pertes d’emplois tout en préservant l’avenir du National Trust », a fait savoir son secrétaire général. En effet, le National Trust avait auparavant annoncé 1 200 licenciements « secs ». La direction assure avoir changé sa stratégie après avoir réalisé une vaste consultation de ses employés et de ses volontaires.

Un premier plan d’économies plus radical

Son plan d’économies avait provoqué une levée de boucliers de la part de certains de ses employés et adhérents. La fuite d’un document rédigé par l’un de ses responsables avait mis en évidence le souhait de l’organisme de mettre l’accent sur ses sites en extérieur (les forêts, les réserves naturelles, etc.) afin de « toucher un nouveau public ». Il avait même proposé de limiter les expositions spécialisées, destinées « à un public de niche », et de mettre en réserve des milliers d’œuvres d’art. Par ailleurs, le National Trust avait fait part de sa volonté de réduire fortement le nombre d’employés destinés à s’occuper des scolaires. Et ce alors que l’une des principales préoccupations d’Octavia Hill, sa cofondatrice en 1895, résidait dans l’accès des pauvres aux espaces verts.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°553 du 16 octobre 2020, avec le titre suivant : Le National Trust taille dans le vif

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