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MUSÉE-MÉMORIAL

Le « musée-mémorial du terrorisme » ne s’implantera pas à Suresnes

Par Olympe Lemut · Le Journal des Arts

Le 18 septembre 2025 - 548 mots

L’abandon du site de l’École de plein air interroge quant à l’avenir du musée dans un contexte de tension budgétaire.

Paris. Estimés à 95 millions d’euros, les travaux de rénovation et de réhabilitation du site de Suresnes (Hauts-de-Seine) auraient dû commencer à l’été 2024 pour une ouverture en mars 2027 [lire la chronologie des faits publiée le 7 janvier 2025 sur le site JdA.fr]. Or le site reste à ce jour inoccupé et les bâtiments se dégradent rapidement. Comme le rappelle Henry Rousso, président de la mission de préfiguration du « musée-mémorial du terrorisme » (MMT), la direction générale des Patrimoines et de l’Architecture du ministère de la Culture avait validé le projet architectural au printemps 2024, mais le dossier semble être resté bloqué dans les couloirs du ministère. Début décembre 2024, le gouvernement annonçait l’abandon du projet de MMT, quel que soit le lieu choisi, pour des raisons budgétaires. Le 6 janvier 2025, Emmanuel Macron en personne relançait le projet mais « sans délai de mise en application de cette décision », précise Henry Rousso. Celui-ci signale que l’équipe du MMT a travaillé étroitement avec l’Oppic (opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture) pour réduire le coût des travaux, et arriver à un budget de 75 millions d’euros, « avec quelques sacrifices ».

L’annonce de changement de site début septembre n’est donc qu’une demi-surprise pour Henry Rousso, selon lequel il s’agit d’une « solution simple mais radicale » aux problèmes rencontrés. Cette décision intervient à la veille de la commémoration des 10 ans des attentats du 13-Novembre, et laisse en suspens plusieurs questions. Quel site accueillera le MMT ? L’Élysée et le ministère des Armées ont proposé plusieurs sites à Paris et en Île-de-France – « probablement dans une autre configuration », souligne Henry Rousso. Le projet initial comprenait en effet une partie d’exposition permanente sur l’histoire du terrorisme depuis le XXe siècle, des salles d’expositions temporaires, un mémorial dans le jardin et un auditorium. L’équipe du musée-mémorial doit visiter les sites et rendre sa décision au plus tard fin septembre. Le MMT pourra-t-il conserver son identité initiale sur un site plus petit que Suresnes ? Le projet scientifique et culturel élaboré en 2022 sera amendé bien que « les ambitions restent les mêmes », indique Henry Rousso, ajoutant que le coût des travaux devrait être moindre sur le nouveau site. Rien n’a filtré pour l’instant sur le budget envisagé pour les travaux, ni sur la répartition entre les ministères concernés.

Si le projet du musée-mémorial du terrorisme faisait globalement l’unanimité, l’annonce de son implantation sur le mont Valérien à proximité du site mémoriel avait suscité l’opposition de la Fondation pour la mémoire de la Shoah et de la Fondation de la Résistance. Ces dernières y voyaient un risque de confusion et de concurrence mémorielle, alors que l’équipe du MMT mettait en avant les collaborations entre le MMT et le Mémorial de la France combattante. De son côté, la Ville de Suresnes était favorable à l’implantation, mais la municipalité avait émis des inquiétudes en décembre 2024. Le maire, Guillaume Boudy, soulignait la nécessité de réhabiliter l’École de plein air, classée monument historique, et réclamait d’être « associé à tout projet qui pourrait sauver ce site », selon ses termes. Ces inquiétudes restent d’actualité, car il n’existe aucun projet de réhabilitation ou de sauvegarde du site à l’heure actuelle.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°661 du 19 septembre 2025, avec le titre suivant : Le « musée-mémorial du terrorisme » ne s’implantera pas à Suresnes

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