États-Unis - Restitutions

L’Art Institute perd son combat pour garder un dessin de Schiele

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 28 avril 2025 - 488 mots

Une décision de justice new-yorkaise oblige le musée à rendre une œuvre volée pendant la Seconde Guerre mondiale.

Egon Schiele (1890-1918), Prisonnier de guerre russe (détail), 1916, aquarelle sur graphite, 43 x 30 cm. © Art Institute of Chicago
Egon Schiele (1890-1918), Prisonnier de guerre russe (détail), 1916, aquarelle sur graphite, 43 x 30 cm.

La cour suprême de l’État de New York a tranché, l’Art Institute de Chicago doit finalement restituer son dessin Prisonnier de guerre russe, réalisé en 1916 par l’expressionniste autrichien Egon Schiele, estimé à 1,25 million de dollars (environ 1,17 M€).

Les enquêteurs du bureau du district ont, selon le New York Times, affirmé que cette œuvre, qui avait appartenu à l’artiste et collectionneur d’art juif autrichien Fritz Grünbaum, mort au camp de concentration de Dachau en 1941, avait été volée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

En 2024, une requête a été déposée par le procureur de New York réclamant la restitution du dessin aux héritiers de Fritz Grünbaum. Le musée avait alors présenté un dossier détaillé devant la cour suprême pour prouver qu’il détenait l’aquarelle légalement. L’œuvre avait été achetée en 1966 auprès de la galerie B.C. Holland à Chicago. Le musée contestait aussi la légitimité des enquêteurs new-yorkais à revendiquer une œuvre située hors de leur juridiction depuis soixante ans. L’établissement affirmait que Mathilde Lukacs, la belle-sœur de Fritz Grünbaum, avait hérité légalement de l’œuvre avant de la céder au marchand d’art suisse Eberhard Kornfeld en 1956.

Egon Schiele Prisonnier guerre russe
Egon Schiele (1890-1918), Prisonnier de guerre russe, 1916, aquarelle sur graphite, 43 x 30 cm.

Le musée invoquait aussi des procédures civiles engagées par les héritiers Grünbaum, certaines remontant à plus de dix ans, dont une qui, selon le New York Times, estimait que les héritiers s’étaient manifestés trop tard et jugeait crédible le récit d’Eberhard Kornfeld.

Mais la juge new-yorkaise Althea Drysdale a donné raison aux héritiers, soutenant que Fritz Grünbaum aurait été contraint de remettre l'œuvre aux autorités nazies en 1938. Elle a notamment réfuté le récit de M. Kornfeld, décédé en 2023, en soulignant que plusieurs factures présentées comme preuves de transactions avec Mathilde Lukacs étaient falsifiées, certaines comportant même une orthographe erronée de son nom. « Il est hautement improbable que Mathilde Lukacs n’ait jamais obtenu le titre de propriété du Prisonnier de guerre russe », a déclaré la juge, indiquant que le musée aurait dû mener une enquête plus approfondie sur la provenance de l’œuvre.

De plus, selon le procureur, le dessin aurait transité en 1938 par l’entrepôt de la société viennoise Schenker & Co., affiliée aux nazis, avant d’être vendu pour financer l’effort de guerre.

À la suite de la demande de restitution, l’Art Institute de Chicago a indiqué au New York Times être « déçu par la décision de restitution, nous examinons la décision du tribunal et étudions toutes les options disponibles pour faire appel. Ces options comprennent la demande d’un sursis à la remise de l’œuvre aux enquêteurs. »

Raymond Dowd, l’avocat des héritiers Grünbaum, s’est quant à lui félicité de cette décision : « Ce juge a adressé un avertissement clair à toutes les personnes dans le monde qui cachent des œuvres d’art pillées par les nazis : vous feriez mieux de ne pas les approcher de New York. Jamais. », a-t-il déclaré.
 

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