Architecture - Justice

L'architecte Jean Nouvel et la Philharmonie de Paris ont trouvé un accord

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 22 octobre 2021 - 669 mots

PARIS

Ils s'opposaient depuis des années, devant les tribunaux, sur la conduite et le coût des travaux de la Philharmonie de Paris : l'architecte Jean Nouvel a finalement trouvé un terrain d'entente avec le complexe musical, mettant un terme au litige.

Jean Nouvel, la société Ateliers Jean Nouvel (AJN) - le cabinet d'architectes choisi en 2007 pour mettre en œuvre le projet - et l'établissement public de la Philharmonie de Paris « ont conclu un accord transactionnel » mettant « fin de manière pleinement satisfaisante pour chacune des parties à la totalité de leurs différends, tous domaines confondus, notamment sur les coûts et les délais », ont-ils annoncé jeudi dans un communiqué commun. Les parties « se désistent et renoncent définitivement à toute réclamation, instance et action, devant quelque juridiction que ce soit », ont-elles ajouté, sans entrer dans le détail financier de l'accord.

Sollicités, les avocats des Ateliers Jean Nouvel, Mes William Bourdon et Vincent Brengarth, ont indiqué qu'« un désistement » de la plainte pénale était « en cours ». Ce désistement de la partie civile n'entraîne toutefois pas mécaniquement la clôture de l'information judiciaire.

Jean Nouvel, architecte à la renommée internationale, concepteur notamment de l'Institut du monde arabe à Paris ou du Louvre Abou Dhabi, avait déposé plainte contre X en octobre 2019. L'établissement public chargé de gérer le complexe lui réclamait une somme indue, selon lui : plus de 170 millions d'euros, au titre des surcoûts survenus lors du chantier, dont 110 millions d'euros de pénalités de retard.

Une information judiciaire avait été ouverte pour « favoritisme, prise illégale d'intérêts, détournements de fonds publics, concussion, faux et usage de faux » en février dernier par le parquet national financier.

Les avocats d'AJN estimaient qu'une « politique de diabolisation de l'architecte » avait eu cours, avec en face des « faveurs accordées aux entreprises ».

Alors que le budget de départ du projet se situait autour de 173 millions d'euros, le coût final de ce chantier pharaonique a été, selon la Cour des comptes en 2016, d'environ 446,9 millions d'euros. Une évaluation que contestaient les parties. Pour les Ateliers Jean Nouvel, ce dépassement s'expliquait par la « gestion défaillante » du maître d'ouvrage qui avait lui-même dirigé en grande partie le chantier, « ce qui est contraire à la législation », spécifiait sa plainte. Pour l'établissement public Philharmonie de Paris, la faute en revenait au contraire à l'architecte pour sous-évaluation des coûts et modifications permanentes du projet.

« Divergences et malentendus »

Demande de conciliation avortée, référé lancé par la Philharmonie pour obtenir des pénalités de retard avec demande d'expertise judiciaire se sont succédé durant le chantier. Résultats : la Philharmonie termine les travaux « en dirigeant seule les entreprises, à l'insu de l'architecte », selon l'ex-plaignant. Coûts et délais explosent.

Une fois le décompte général arrêté, la Philharmonie aurait réclamé plus de 170,6 millions d'euros à AJN, soit un montant « quatorze fois supérieur au montant des honoraires » perçus par le maître d'œuvre, indiquait le cabinet d'architectes dans sa plainte. Il est un « fait indéniable que le bâtiment construit n'est pas conforme sur de nombreux points au dessin et aux instructions » de Jean Nouvel, reprochait-il encore.

Mais les deux camps considèrent désormais que « ces différends étaient la conséquence de divergences et de malentendus », et expliquent avoir « décidé de les surmonter en engageant un dialogue ». Ils annoncent par ailleurs s'être mis d'accord sur la réalisation de travaux complémentaires, « dans le cadre d'une enveloppe de 15 millions d'euros décidée en accord avec l'État », qui seront réalisés sous la maîtrise d'œuvre d'AJN et de Jean Nouvel.

Inaugurée en 2015, en l'absence de Jean Nouvel qui avait boudé l'événement en raison du litige, le projet de Philharmonie avait été initié à la fin des années 1990 par souci de « démocratiser » la musique symphonique.

Le multiplexe musical, installé dans le parc de la Villette pour compléter la Cité de la musique, comprend notamment, outre un auditorium de 2 400 places assises, des salles de répétition et d'exposition, des studios d'enregistrement et un restaurant. Le projet, monumental, s'étale sur 20 000 m2 au total, essentiellement financé par la Ville de Paris et l'Etat.

Cet article a été publié par l'AFP le 21 octobre 2021.

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