Nomination

L'Allemand Hartwig Fischer, un historien de l'art discret à la tête du British Museum

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 29 septembre 2015 - 619 mots

BERLIN / ALLEMAGNE

BERLIN (ALLEMAGNE) [29.09.15] - L'Allemand Hartwig Fischer, 53 ans, nommé mardi pour succéder au charismatique Neil MacGregor à la tête du British Museum de Londres, est une figure discrète mais « respectée » du monde de l'art et l'un des meilleurs directeurs de musées d'Allemagne.

Né en 1962 à Hambourg, dans le nord de l'Allemagne, cet historien de l'art, qui était depuis 2012 à la tête des prestigieuses Collections nationales de Dresde (est), est le premier non-Britannique depuis l'Italien Anthony Panizzi au XIXeme siècle à diriger la célèbre institution londonienne.

Alors qu'en fin de semaine dernière, sa nomination n'en était qu'au stade de la rumeur, la presse allemande s'émouvait déjà de la perte qu'allait occasionner le départ de ce quinquagénaire aux cheveux courts et à la barbe soigneusement taillée.

"Un vrai choc et une grande perte" pour la ville et ses institutions culturelles, anticipait le journal Die Welt, qui insistait sur les qualités académiques et professionnelles de M. Hartwig.

Il "passe pour être un fanatique du contrôle, qui entend décider du plus petit détail", selon le quotidien, qui rappelait que M. Fischer était "aussi apprécié pour ses qualités de chercheur sérieux qui aime (...) le contenu, la didactique et les nouveaux thèmes de niche".

Hartwig Fischer -- qui ne doit pas être confondu avec son homonyme, un ex-député conservateur allemand -- a étudié l'histoire de l'art, l'histoire et l'archéologie à Paris, Rome, Berlin et Bonn (ouest), où il a soutenu en 1994 sa thèse sur le peintre et sculpteur allemand Hermann Prell (1854-1922).

Il a ensuite travaillé au Kunstmuseum de Bâle (nord de la Suisse), où il a notamment été chargé des collections du 19ème siècle et d'art moderne.

En 2006, il est nommé à la tête du musée Folkwang, à Essen (ouest). Il y a notamment supervisé plusieurs expositions majeures, dont l'une consacrée à des oeuvres et des peintres qualifiés de représentants de "l'art dégénéré" par les nazis, comme Chagall, Matisse ou l'Allemand Franz Marc.

-'Respecté et très cultivé'-

Quatre ans plus tard, en mai 2012, il prend les rênes des Collections nationales (Staatliche Kunstsammlungen) de Dresde, où il succède à son compatriote Martin Roth, parti à Londres pour diriger le Victoria and Albert Museum.

Michael Diers, historien de l'art aux Beaux-Arts de Hambourg, brosse le portrait d'un Hartwig Fischer "très éloquent mais timide". Il "est l'un des directeurs les plus intéressants en Allemagne. Il a le nez pour trouver de bons commissaires d'exposition", a-t-il expliqué au quotidien britannique The Guardian.

Les Collections nationales de Dresde rassemblent une douzaines de musées disséminés dans la capitale de la Saxe et abritent l'une des plus importantes collections d'art au monde. Elles accueillent quelque 2,5 millions de visiteurs chaque année, loin des 6,7 millions affichés en 2014-2015 par le British Museum.

Mais les collections de Dresde sont "raffinées, distinguées et vastes", preuve que Hartwig Fischer dispose de l'expérience et des épaules pour diriger une structure comme le British Museum, affirme l'ancienne directrice de la National Portrait Gallery, Sandy Nairne.

"C'est quelqu'un de très respecté (...) et de très cultivé. Nous avons eu une relation très harmonieuse et très productive", a déclaré au Guardian Sean Rainbird, directeur de la National Gallery d'Irlande, qui a travaillé avec M. Fischer sur une exposition consacrée au peintre russe Vassily Kandinsky.

Hartwig Fischer avait défini sa conception du musée lors de sa nomination à Dresde : "un lieu de rencontre avec l'authentique (...) dans les musées, cette rencontre vous est offerte. C'est un don. Et en le recevant, vous rentrez dans une circulation globale qui crée une communauté".

"Dans l'art, c'est impensable de fixer des frontières ou des limites (...) l'art a toujours été international, en mouvement et aujourd'hui plus que jamais", disait-il encore en mai.

Légende photo

Hartwig Fischer, nouveau directeur du British Museum © ARNO BURGI / DPA / AFP

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