Une rencontre entre acteurs de l’écologie culturelle a présenté les vulnérabilités du secteur face au changement climatique et des pistes de réflexion pour s’y préparer.

Paris. D’ici la fin du siècle : une France à +4 °C, avec des pics de chaleur atteignant les 50 °C. Cette perspective enjoint une nouvelle manière de penser : tout faire pour réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre, mais aussi anticiper dès maintenant les aléas du changement climatique. Le 19 septembre, au Théâtre de l’Odéon, quelques spécialistes du secteur culturel se sont ainsi réunis pour présenter les résultats de leurs récentes études, qui pointent les vulnérabilités auxquelles sont confrontés musées, centres d’art et spectacle vivant, tout en apportant des pistes de réflexion.
Un constat s’impose : la question est encore émergente au sein des structures. Si l’analyse du bilan carbone se généralise de plus en plus, réfléchir à des mesures préventives reste encore un acte isolé. « Nous avions la sensation que l’adaptation était un peu un angle mort, un impensé, peut-être même un déni », rapporte Dominique Béhar, éco-conseiller et membre de l’association Arviva (Arts vivants, Arts durables), qui accompagne les structures du spectacle vivant dans leur transition écologique. Menée en début d’année (en interrogeant 117 professionnels du secteur), leur enquête pointe l’absence de mise en œuvre d’une stratégie d’adaptation structurée dans le spectacle vivant, bien souvent faute de temps et de moyens, voire parfois par méconnaissance. « Parmi l’ensemble des établissements culturels, les musées sont peut-être ceux qui ont le plus développé la culture et l’expertise du risque », précise Laurence Perrillat, co-fondatrice du collectif Les Augures. Mais le chemin est encore long, alors que les effets du changement climatique s’aggravent.
Dans leur étude « Les musées face aux effets du changement climatique » publiée en septembre, Les Augures et le cabinet de conseil EcoAct ont dressé un état des lieux des principaux risques encourus par les musées. Sur les 1 225 musées labellisés « Musée de France », 38 seront exposés à la montée du niveau de la mer et 153 à plus d’un mois de forte sécheresse à l’horizon 2050, 97 exposés à des feux de forêt d’ici à 2100… Menée en parallèle, une étude qualitative fait ressortir les deux préoccupations majeures des institutions : les chaleurs et précipitations extrêmes, qui ont des répercussions aussi bien sur les conditions de visite et de travail que sur les collections et le bâti.
Pour agir à son échelle, plusieurs conseils sont alors prodigués. En premier lieu, mener un diagnostic de vulnérabilité pour pouvoir établir un plan d’adaptation ajusté à sa structure. « Les dispositifs d’accompagnement peuvent être créés rapidement. Il existe des outils, des études, des référentiels… », détaille Dominique Béhar. Pour identifier les risques, la méthode OCARA (« Operational Climate Adaptation and Resilience Assessment ») fait figure de référence. Parmi les autres préconisations figurent la formation des salariés aux bonnes pratiques ainsi que l’intégration de clauses d’adaptation dans les plans de continuation d’activité et dans les marchés d’équipement. Puis, en matière d’aménagement, recouvrir les toits en zinc, végétaliser les espaces et privilégier le free cooling (surventilation nocturne) à la climatisation.
De ces interventions surgissent donc plusieurs pistes de réflexion. Mais pointent aussi plusieurs obstacles, qui limitent bien souvent les marges de manœuvre : la complexité de trouver un relais auprès des partenaires, le manque de temps et de financement dédiés, la question du périmètre de responsabilité qui entre en jeu dès lors qu’on touche au bâti. « Le statut de monument historique fait porter de fortes contraintes, notamment pour mener des travaux. C’est impossible d’isoler par l’extérieur ou de végétaliser les façades », corrobore l’ingénieur Aurélien Stumpf Mascles, qui a mené l’étude « Jouer à 50° » sur l’adaptation de l’Odéon au changement climatique, publiée en juillet. Le théâtre y explore d’autres solutions d’adaptation, notamment en vue de la période estivale. Parmi elles, programmer des spectacles plus courts, décaler les horaires de représentation, mais aussi réfléchir à l’usage partagé du théâtre, qui compterait parmi les lieux de fraîcheur où se réfugier durant les canicules.
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La culture à l’épreuve du réchauffement climatique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°662 du 3 octobre 2025, avec le titre suivant : La culture à l’épreuve du réchauffement climatique









