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PATRIMOINE

La colère après l’incendie du musée de Rio

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 5 septembre 2018 - 371 mots

RIO DE JANEIRO / BRESIL

Le feu qui a détruit le plus grand musée d’histoire naturelle d’Amérique du Sud attise l’indignation des Brésiliens à l’égard de leur gouvernement.

Rio de Janeiro (Brésil). L’incendie qui a dévasté dimanche le Musée national d’histoire naturelle de Rio de Janeiro (créé en 1818) est une tragédie pour les chercheurs et les Brésiliens. Le feu a ravagé le palais qui l’abritait depuis 1892 et une grande partie des vastes collections de près de 20 millions de numéros. Luzia, le premier fossile humain découvert au Brésil âgé de 12 000 ans, des échantillons de la faune et de la flore d’Amérique du Sud, un squelette de dinosaure, une bibliothèque de 530 000 titres sont ainsi partis en fumée. Philippe Grandcolas, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique a ainsi expliqué à l’AFP que « ce sont des archives irremplaçables de la biodiversité », précisant que dans un musée d’histoire naturelle chaque spécimen est unique.

« Une partie de cette tragédie aurait pu être évitée », s’est indigné Alexandre Keller, le directeur du musée dénonçant les coupes budgétaires. Le ministre de la Culture a reconnu que « les problèmes s’étaient accumulés au fil du temps ». Le bâtiment vétuste n’offrait plus les conditions de sécurité minimum pour un musée. La désolation s’est transformée en colère pour de nombreux Brésiliens. « Ces terribles flammes représentent la perte d’une partie de notre histoire et de notre identité. C’est une catastrophe incalculable, conséquence de la négligence des pouvoirs publics et de la crise profonde dans laquelle nous nous enfonçons chaque jour un peu plus », se lamente l’universitaire Nelson de Aguiar Menezes Neto. 500 étudiants et chercheurs se sont rassemblés devant les décombres fumants, précédant une importante manifestation sur la place Cinelândia. Après les années fastes de la présidence de Lula da Silva, aujourd’hui en prison pour corruption, le Brésil est entré dans une grave récession depuis 2015, déclenchée par une baisse des cours de denrées agricoles et minerais qu’il exporte. Le très impopulaire président Michel Temer qui a remplacé la présidente destituée Dilma Rousseff mène une sévère politique budgétaire dans un pays très inégalitaire. Maigre consolation, l’émotion qu’a provoquée l’incendie dans le monde entier, devrait inciter le gouvernement brésilien à accorder un peu plus d’attention à la restauration du musée.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°506 du 7 septembre 2018, avec le titre suivant : La colère après l’incendie du musée de Rio

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