Rio : réouverture partielle du musée national incendié en 2018

Le Musée National du Brésil a rouvert partiellement ses portes en juin 2025, sept ans après l’incendie qui avait détruit la quasi-totalité de ses collections et de son bâtiment historique. Cette réouverture progressive, limitée à quelques salles restaurées du Paço de São Cristóvão, (Palais de Saint-Christophe) marque une étape symbolique dans la renaissance de la plus ancienne institution muséale scientifique du pays, fondée en 1818 et installée depuis 1892 dans l’ancien palais impérial de Rio de Janeiro. Le musée, jadis le plus grand d’histoire naturelle d’Amérique latine, conservait jusqu’à 20 millions d’objets couvrant l’anthropologie, la paléontologie, la zoologie et l’archéologie.

Le Paço de São Cristóvão, construit entre 1819 et 1868, a d’abord servi de résidence impériale avant de devenir le siège de l’Assemblée constituante, puis musée national. Le bâtiment, classé, a été gravement endommagé lors de l’incendie du 2 septembre 2018. Avant la catastrophe, le musée exposait 6 000 objets sur 3 400 m².

L’incendie a été causé par un court-circuit dans un système de climatisation vétuste, installé dans l’auditorium du rez-de-chaussée. L’enquête a révélé d’importantes négligences en matière de sécurité : absence de sprinklers (installation fixe d'extinction automatique à eau), de portes coupe-feu, pression d’eau insuffisante pour les lances à incendie et système électrique défaillant. Le feu, qui s’est propagé en quelques minutes, a détruit entre 85 et 90 % des collections et provoqué l’effondrement d’une grande partie du bâtiment principal. Les annexes scientifiques et le jardin botanique sont cependant restés intacts. 

La perte a été considérable : météorites, fossiles, collections ethnographiques, archives impériales ont été détruits. Si certains objets emblématiques, comme la météorite Bendegó, ont survécu, la plupart des collections ont été réduites à l’état de fragments, comme le crâne de Luzia, plus ancien fossile humain d’Amérique du Sud. Dès les premiers jours, une opération de fouilles a été lancée dans les décombres : des milliers d’objets et fragments ont été extraits, triés, conditionnés et restaurés. Des dons nationaux et internationaux ont permis d’enrichir à nouveau les collections, dont 1 104 fossiles anciens reçus en 2024 d’un collectionneur privé.

Le projet de rénovation prévoit une surface d’exposition portée à 5 500 m² pour environ 10 000 objets. La direction du musée s’est appuyée sur l’Université fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ), propriétaire du site, et sur un consortium d’acteurs publics et privés pour engager la reconstruction. Le projet « Museu Nacional Vive » réunit l’UFRJ, l’Unesco, le ministère de l’Éducation, la Banque fédérale de Rio, le gouvernement fédéral, entre autres.

La reconstruction a été entravée par de nombreux obstacles. Le chantier, officiellement lancé en novembre 2021, a d’abord été retardé par un manque de fonds : trois ans après l’incendie, seuls 65 % des ressources nécessaires étaient réunis, soit 385 millions de réais (60 millions d’euros) sur les 515 millions de réais (80 millions d’euros), principalement issus de la Banque brésilienne de développement et de mécènes privés. L’inflation et la hausse du coût des matériaux, la complexité architecturale du site, la pandémie de Covid-19 et la lourdeur administrative ont encore ralenti les travaux. La restauration de la façade, confiée au cabinet H+F Arquitetos, a été achevée en 2022, mais la réhabilitation intérieure se poursuit. La réouverture complète du musée est prévue pour 2027.