Histoire

À Jerash, l’archéologie éclaire la peste de Justinien

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 12 septembre 2025 - 355 mots

Une étude d’ADN ancien menée en Jordanie démontre le rôle d’une bactérie particulière dans la pandémie byzantine du VIe siècle.

Site archéologique de Jerash en Jordanie. © Carole Raddato, 2017, CC BY-SA 2.0
Site archéologique de Jerash en Jordanie.

La paléogénétique permet de mieux comprendre l’histoire. En travaillant sur huit dents retrouvées dans une fosse commune à Jerash, en Jordanie, des archéologues ont permis d’identifier la bactérie Yersinia pestis comme agent pathogène de la peste de Justinien, qui a sévi entre 541 et 750 apr. J.-C. dans l’Empire byzantin et en Méditerranée. Selon l’étude publiée le 27 août 2025, cette épidémie aurait provoqué entre 10 et 100 millions de morts et entraîné des bouleversements majeurs dans l’Empire.

D’après les sources écrites, la maladie aurait pris naissance dans le port de Peluse (Tell el-Farama, en Basse-Égypte) avant de se propager par voie maritime autour de la Méditerranée jusqu’à Jerash, alors un carrefour commercial. La cité devint un vaste foyer épidémique et une nécropole.

Cette recherche, menée par l’Université de Floride du Sud (USF) et l’Université Atlantique de Floride (FAU), a porté sur des corps datés entre 550 et 660, retrouvés dans les chambres funéraires d’un ancien hippodrome romain de Jerash converti en fosse commune. Si des traces de Yersinia pestis avaient déjà été identifiées en Europe occidentale, l’analyse ADN de Jerash fournit la première preuve de la prédominance de la bactérie dans l’un des foyers majeurs de la pandémie.

Une étude de la même équipe visait à retracer l’évolution de la bactérie en comparant souches anciennes et modernes. Elle confirme l’hypothèse de foyers multiples, issus d’animaux porteurs, plutôt que celle d’une souche unique diffusée à grande échelle. Les chercheurs avancent également que la densification urbaine pourrait avoir favorisé une propagation particulièrement rapide.

La même équipe mène désormais des recherches sur la peste noire, due à la même bactérie, dont la première vague toucha l’Europe entre 1346 et 1353. Elle s’intéresse notamment à Venise et aux premières mesures de santé publique mises en place, en particulier sur l’île de Lazzaretto Vecchio, utilisée comme zone de quarantaine, où 1 200 corps sont actuellement étudiés par l’USF. Parallèlement, l’anthropologue médico-légal Matteo Borrini a analysé 200 corps provenant de Lazzaretto Nuovo, autre île vénitienne dédiée à l’isolement des malades.

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