École d'art

Jean-Marc Bustamante, les 200 ans des Beaux-Arts de Paris

Par David Robert (Correspondant à Rio de Janeiro) · L'ŒIL

Le 16 février 2017 - 692 mots

PARIS

Jean-Marc Bustamante est artiste et directeur de l’École nationale des beaux-arts (ENSBA) de Paris, qui fête ses 200 ans en 2017. Il a été élu à l’Académie française des beaux-arts en décembre 2016 au fauteuil de Zao Wou-Ki.

Jean-Marc Bustamante
Jean-Marc Bustamante, artiste et directeur de l’École nationale des beaux-arts de Paris
© ENSBA

Dans le programme de festivités prévu en 2017, quel événement représente au mieux la dimension internationale des Beaux-Arts de Paris ?
D’abord notre quotidien, puisqu’en 2017, nous accueillons en séjour d’échange cinquante élèves d’écoles partenaires du monde entier. Ensuite, le fil rouge politique qui irriguera cette année, à travers l’attention portée à des moments politiques majeurs, telles les révolutions ou la métamorphose du concept de république, incarnera des récits qui continuent d’imprégner les pensées du monde entier. De la même manière, je souhaite que notre prochain colloque sur « La valeur de l’art », en impliquant des intervenants extrêmement différents et de toutes origines, clarifie des enjeux qui existent à l’échelle mondiale. S’il ne fallait souligner qu’un seul événement, ce serait l’installation vidéo « Manifesto » de l’artiste allemand Julian Rosefeldt, qui place les Beaux-Arts au sein d’un réseau de grandes institutions internationales. L’œuvre a d’abord été présentée dans plusieurs musées australiens, à la Hamburger Bahnhof de Berlin, puis à l’Armory de New York. L’installation se compose de treize monologues écrits par Rosefeldt à partir de fragments de manifestes d’artistes du XXe siècle. Ces textes sont interprétés par l’actrice Cate Blanchett dans des situations et des décors qui la voient tour à tour endosser le rôle d’une enseignante, d’une présentatrice de journal télévisé, d’une ouvrière, d’une chorégraphe… À Paris, l’œuvre sera présentée aux Beaux-Arts dans la salle Melpomène fraîchement restaurée.

Vous entrez à l’Académie voisine. Comment analysez-vous cette élection pour l’Académie et pour l’école, séparées réellement depuis à peine cinquante ans ?
C’est un très grand honneur qui m’est fait d’avoir été élu membre de l’Institut au sein de l’Académie des beaux-arts. Je sais que l’Académie s’est fait une réputation d’immobilisme dans la section arts plastiques, alors qu’elle est très bien représentée dans ses autres sections. En architecture et en musique, par exemple, les meilleurs représentants y sont présents. Je suis certain qu’à l’avenir l’Ensba peut jouer un rôle important et défendre ses missions, elle en a le potentiel et les moyens.

Vous avez intégré un célèbre dessinateur de BD, Joann Sfar, dans les ateliers des Beaux-Arts. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
La force de l’École, c’est son caractère généraliste. Nous voulons que nos étudiants se confrontent à l’expérience d’artistes très divers et construisent leur propre monde à partir de ce qu’ils auront appris chez nous. L’atelier de Sfar n’est pas un atelier de bande dessinée, c’est l’atelier d’un artiste qui a bâti son univers dans la bande dessinée, le dessin de presse et le cinéma d’animation. Il est présent chaque semaine dans le bel espace sous verrière qui lui a été attribué, il y travaille, et ses élèves travaillent autour de lui, durement. C’est un professeur exigeant, mais chacun a son propre projet ; de temps à autre, tout le monde fait une pause, on échange, on critique, on produit des formes, on tâche de les comprendre. Le dessin réputé d’illustration a conquis ses lettres de noblesse et je suis pour une plus grande liberté dans la hiérarchie des genres. Trouverait-on quelqu’un aujourd’hui pour estimer que Winsor McCay ou Hergé n’étaient pas des artistes ? Joann Sfar lui-même a été formé chez nous, rue Bonaparte, dans les cours de morphologie de Jean-François Debord et de Philippe Comar ! L’art ne s’apprend pas, il se transmet. Et aucune discipline qui le concerne n’est mineure.

EXPOS - L’ENSBA présentera deux expositions « politiques » en 2017 : « Images en lutte (1968-1977). La culture visuelle de l’extrême gauche », du 27 octobre au 31 décembre 2017, et « D’Antigone à Marianne », du 24 février au 20 avril 2017.

200 ANS - Les lieux où se situe aujourd’hui l’école lui ont été attribués par arrêté royal du 18 septembre 1816, appliqué à partir du 1er janvier 1817.

RESTAURATION - L’Amphithéâtre d’honneur sera inauguré officiellement après une année de travaux et verra le retour en son sein du Romulus, vainqueur d’Acron de Jean-Auguste-Dominique Ingres.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°699 du 1 mars 2017, avec le titre suivant : Jean-Marc Bustamante, les 200 ans des Beaux-Arts de Paris

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