École d'art

Rien ne va plus à l'École Boulle

Par Éva Hameau · lejournaldesarts.fr

Le 24 novembre 2025 - 520 mots

Le rectorat de l'académie de Paris a lancé une enquête administrative après avoir reçu un courrier dénonçant les méthodes de management du directeur.

Entrée de l'école Boulle, Rue Pierre Bourdan, Paris 12e. © Mbzt, 2024, CC BY 4.0
Entrée de l'École Boulle, rue Pierre Bourdan, Paris 12e.
Photo Mbzt

La prestigieuse école d'arts appliqués, fondée en 1886 par André-Charles Boulle, fait l'objet d'une enquête administrative depuis septembre. En cause, le management de Laurent Scordino-Mazanec, directeur de l'institution parisienne depuis 2021 après 7 années passées à la tête de l'ENSAAMA Olivier de Serres. « Les méthodes de management du directeur depuis son arrivée il y a 4 ans créent une véritable souffrance au travail et instaurent une ambiance délétère au sein de l'école », indique un représentant du personnel. Les incidents se seraient multipliés à la fin de l'année scolaire 2024-2025, conduisant 4 salariés à porter plainte contre le chef d'établissement pour harcèlement. Un courrier signé par 45 enseignants et agents a été envoyé dans la foulée à Julie Benetti, la rectrice de l'Académie de Paris, pour demander la mise en place d'une enquête administrative par l'inspection générale.

Le chef d'établissement serait un adepte du dénigrement et des propos vexatoires, qu'il multiplierait à l'encontre de certains salariés, mais aussi de la rétrogradation et du chantage à l'emploi. « L'organisation des services des titulaires est devenue un outil de pression et de sanction pour le directeur », déclare le représentant du personnel. Des enseignants se seraient vu retirer des classes correspondants à leurs spécialités et confier des disciplines moins cohérentes avec leur profil. « Plusieurs professeurs se sentent en insécurité pédagogique à cause de cette remise en cause de leurs compétences et de leurs qualifications », précise-t-il. D'après lui, « le directeur exerce une pression particulière sur les personnels qui ont le statut le plus précaire, à savoir les contractuels ». Plusieurs salariés auraient ainsi essuyé un non-renouvellement de leur contrat pour avoir exprimé un désaccord et non pour des raisons pédagogiques.

Plusieurs étudiants auraient également confié avoir été victimes de mauvais traitements et d'un manque de respect de la part du directeur. Celui-ci aurait tenu des propos dévalorisants, voire insultants, à l'égard de leurs travaux ainsi que des personnels encadrants lors de journées portes ouvertes.

 « L'École Boulle est confrontée à une hémorragie au niveau du personnel depuis 4 ans », confie le représentant. Les arrêts maladie seraient devenus monnaie courante et une dizaine d'enseignants, dont quelques « piliers en poste depuis près de 20 ans », a déjà quitté l'établissement. Contacté par Le Journal des Arts, le directeur n'a pas répondu à nos sollicitations.

Le courrier adressé à la rectrice n'est pas la première démarche à avoir été initiée par le personnel de l'école pour alerter sur la situation. Plusieurs représentants s'étaient tournés vers les Ressources Humaines de proximité et des salariées avaient sollicité la cellule Violences, harcèlement ou discrimination au travail (VDHA). « Ces tentatives n'ont jamais donné de résultats », déplore le représentant. L'aggravation des conditions de travail au printemps 2025 a conduit plusieurs salariés à prendre la parole et à se tourner vers la rectrice. « Il y avait de la crainte parmi les personnels au début, la parole a fini par se libérer car les informations ont circulé plus largement », soutient-il. Une vingtaine de personnes ont demandé à être auditionnées dès le lancement de l'enquête en septembre.

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