Politique

A Hong Kong, le courageux musée sur Tienanmen

Par Antonin Gratien · lejournaldesarts.fr

Le 6 juin 2019 - 467 mots

HONG KONG

Alors que le régime impose une chape de plomb en Chine continentale, l’ex-colonie parvient à commémorer le massacre de 1989. 

Malgré la loi de silence qu’exerce le régime chinois, le Musée du 4 juin tient bon. Situé à Hong Kong, cet espace ouvert en avril dernier expose des documents sur l’assaut militaire lancé le 4 juin 1989 sur les manifestants rassemblées sur la place Tiananmen à Pékin. Lors du 30e anniversaire du drame mardi dernier, les lieux ont accueilli un nombre important de visiteurs.

Alors que la Chine travaille, depuis 1989, à gommer des mémoires le « printemps de Pékin » par un contrôle médiatique serré, la surveillance des anciens manifestants du 4 juin et l’arrestation de ceux qui mentionnent l’événement, l’existence d’un musée à Hong Kong dédié à ce « tabou » relève du tour de force. 

« Nous ne laisserons pas le régime chinois fuir ses responsabilités », affirme Richard Tsoi, vice-président de la Hong Kong Alliance, l’association chinoise pro-démocratique à l’origine du Musée du 4 juin. Sur un espace de 100 m² dans un immeuble à Mong Kok, le « musée » montre des objets ayant appartenu aux victimes - entre plusieurs centaines et plusieurs milliers selon les sources -, des balles et des pancartes utilisées durant la manifestation.

Autant de témoignages normalement bannis en Chine continentale, mais dont l’exposition est rendue possible grâce au principe « un pays, deux systèmes » dont bénéficie Hong Kong. En tant qu’ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997, la région administrative jouit en effet d’une certaine autonomie par rapport au système politique et légal du pays.

Hong Kong est le seul territoire chinois à pouvoir organiser une commémoration publique du massacre de Tiananmen. Elle prend la forme d’une veillée organisée annuellement, et depuis 1990, par l’organisation qui gère également le Musée du 4 juin : la Hong Kong Alliance. Mardi, 180 000 participants rassemblés au Parc Victoria avaient répondu à l’appel.

Mais le quotidien du Musée du 4 juin n’est pas sans accrocs. D’abord exposée en 2014 au sein d’un centre commercial de Tsim Sha Tsui, sa collection, jugée « contre-révolutionnaire » par des opposants pro-régime, avait dû être déménagée en 2016 suite à des poursuites judiciaires engagées par les propriétaires du lieu.

La Hong Kong Alliance avait ensuite acquis l’espace qu’occupe actuellement le musée. Mais, avant même d’être ouvert, il avait été vandalisé. 

Le « musée » a malgré tout pu être inauguré le 27 avril dernier. Depuis, les responsables du musée dénombrent une moyenne de 100 visiteurs quotidiens et se félicitent d’en recevoir près du double depuis l’approche du 4 juin. 

Le Musée du 4 juin est devenu un véritable baromètre. Maintenu ouvert, il témoigne d’une marge de liberté d’expression à Hong Kong,  fermé, il actera une nouvelle étape de la mainmise du régime.

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