Royaume-Uni - Justice - Musée

« Exposés dans un zoo » : victoire judiciaire de riverains contre la Tate Modern de Londres

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 2 février 2023 - 407 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Des propriétaires d'appartements vitrés dont l'intérieur est largement visible depuis une plateforme d'observation de la Tate Modern, attraction touristique emblématique de Londres, ont remporté mercredi une victoire dans leur bataille judiciaire pour atteinte à la vie privée contre le musée

Vue de la terrasse de la Tate Modern sur les appartmements d'une des 4 tours en verre du complexe immobilier Neo Bankside © Photo Ludovic Sanejouand
Vue de la terrasse de la Tate Modern sur les appartements d'une des 4 tours en verre du complexe immobilier Neo Bankside.
© Photo Ludovic Sanejouand, 2016

La Cour Suprême du Royaume-Uni a donné raison à ces propriétaires de cinq appartements situés dans une résidence immobilière de luxe à quelques mètres du musée d'art moderne.

La galerie extérieure au 10e étage de la Tate Modern, ouverte en 2016 et visitée par des centaines de milliers de visiteurs chaque année offre une vue panoramique sur Londres. Elle offre une vue imprenable sur les logements des plaignants entièrement vitrés ce qui les rendaient « sous l'observation constante (des visiteurs) durant une bonne partie de la journée, chaque jour de la semaine », a estimé le juge George Legatt en annonçant la décision de la Cour.

« Il n'est pas difficile d'imaginer à quel point il doit être oppressant pour toute personne normale de vivre dans de telles circonstances », a-t-il ajouté, comparant la situation des plaignants à des animaux « exposés dans un zoo ». La galerie de la Tate est une « nuisance » pour ces personnes, qui étaient régulièrement photographiées par les visiteurs, certaines photos étant postées sur les réseaux sociaux, a-t-il insisté. Cette nuisance « va bien au delà de tout ce qui peut être considéré comme nécessaire ou une conséquence naturelle d'un usage ordinaire et commun » d'un musée comme la Tate Modern, a argumenté le juge.

La terrasse de l'extension de la Tate Modern face à une des 4 tours en verre du complexe immobilier Neo Bankside © Photo Ludovic Sanejouand 2016
La terrasse de l'extension de la Tate Modern face à une des 4 tours en verre du complexe immobilier Neo Bankside.
© Photo Ludovic Sanejouand, 2016

Les plaignants avaient été débouté à deux reprises par la justice avant ce recours devant la Cour Suprême, qui permettra donc à leur plainte d'être de nouveau examinée pour décider de mesures visant à supprimer cette nuisance. Ils proposent par exemple l'interdiction d'accès à une partie de la galerie ou l'installation d'un dispositif pour masquer la vue sur leurs appartements.

Sollicitée par l'AFP, la Tate Modern s'est refusé à commenter une affaire toujours en cours. La galerie est actuellement fermée, comme d'autres espaces du musée qui n'ont pas encore rouvert avec la pandémie de Covid-19.

En 2019, un adolescent Britannique de 17 ans atteint de troubles psychiatriques avait jeté un garçon français de six ans depuis cette plateforme d'observation, située au dixième étage du musée. Il l'avait poussé par dessus la rambarde et l'enfant était retombé sur un toit du cinquième étage, une trentaine de mètres plus bas, le laissant gravement handicapé. Il a été condamné en 2020 à la perpétuité pour tentative de meurtre.

Visiteurs sur la terrasse de la Tate Modern © Photo Ludovic Sanejouand
Visiteurs sur la terrasse de l'extension de la Tate Modern.
© Photo Ludovic Sanejouand, 2016

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