Suisse - Disparition

Disparition de Léonard Gianadda

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 4 décembre 2023 - 520 mots

Le créateur et directeur de la Fondation Gianadda en Suisse est décédé à l’âge de 88 ans des suites d’une longue maladie.

Léonard Gianadda dans le parc des sculptures de la Fondation. © Héloise Maret
Léonard Gianadda dans le parc des sculptures de la Fondation.
© Héloise Maret

Une figure incontournable de la scène artistique suisse vient de disparaître. Léonard Gianadda qui est décédé dimanche 3 décembre, à l’âge de 88 ans des suites d’un cancer qu’il combattait depuis longtemps avait réussi à placer la petite ville de Martigny dans le Valais en Suisse sur la carte des lieux culturels à ne pas manquer.

Pourtant le bâtiment de la Fondation Gianadda qu’il avait inauguré en 1978 arborait une façade aussi accueillante qu’un bunker ou un mausolée. Léonard ne s’en cachait pas, l’édifice avait été construit en hommage à son frère Pierre décédé deux ans auparavant, mais il s’agaçait que l’on souligne sa silhouette de blockhaus, préférant parler de « cathédrale ». Pourtant l’ingénieur qu’il était, avait justement fait fortune en construisant de nombreux immeubles et équipements publics dans son cher canton.

L’intérieur cultive, lui, le genre baroque. Au sous-sol un musée abritant des automobiles de collection, au rez-de-chaussée un musée de vestiges gallo-romains, un auditorium et tout autour des galeries d’exposition. C’est là que pendant 45 ans, la Fondation a exposé les plus grands noms de l’art ancien et moderne dans des manifestations qui à chaque fois accueillaient des dizaines de milliers de visiteurs. Au fil du temps, Léonard Gianadda avait réussi à gagner la confiance des musées et collectionneurs privés parvenant à se faire prêter des chefs-d’œuvre dont il confiait le commissariat d’exposition à des personnalités diverses.

Il faut dire que Léonard Gianadda avait une personnalité hors pair. Aimant à rappeler que son grand-père était un immigré italien venu chercher du travail en Suisse, il impressionnait par sa carrure de géant et son côté séducteur et hâbleur. Ou son caractère entier. Un brin narcissique, il est à notre connaissance le seul mécène à avoir mis en ligne une biographie de 25 pages avec des dizaines de photographies intimes.

L’ingénieur ne s’est pas contenté de construire des immeubles, il a aussi parsemé les ronds-points de Martigny de sculptures monumentales achetées sur ses propres deniers. Les éloges pleuvent depuis sa disparition. A l’instar du musicien Renaud Capuçon qui a posté sur son compte X (anciennement Twitter) : « Tu as fait de ta Fondation [..] un haut lieu de Culture avec la peinture bien sûr, mais aussi la musique que tu adorais  ». C’était en effet un passionné de musique classique.

La France l’avait depuis longtemps reconnu : membre (dans la section des associés étrangers) de l’Académie des beaux-arts, il était commandeur dans l’Ordre de la Légion d’honneur, Commandeur dans l’ordre des arts et lettres.

Que va devenir la Fondation ? C’est la question que se pose toute la presse suisse, sans apporter de réponse, se contentant de rappeler qu’il a deux fils. Une cérémonie œcuménique sera célébrée en l’église Saint-Michel de Martigny jeudi prochain. Les proches sont invités à ne pas envoyer de fleurs mais plutôt à faire un don à la Fondation sociale qu’il avait créée en 2006. Le RIB figure dans le faire-part de décès. Un sens du détail qui était une autre des nombreuses qualités de Léonard Gianadda.

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