Donation

De grands noms pour le Musée de La Havane

L’ancien galeriste parisien Gilbert Brownstone offre cent vingt estampes, de Pissarro à Lichtenstein, à l’État cubain

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 2 février 2010 - 508 mots

LA HAVANE - Décidément, Gilbert Brownstone aime surprendre son monde. Cet Américain, qui travailla de 1967 à 1973 au Musée d’art moderne de la Ville de Paris puis fut tour à tour directeur du Musée Picasso d’Antibes, conservateur au Musée d’Israël à Jérusalem, et enfin galeriste avant d’ouvrir en 1999 une Fondation à Paris, a annoncé en janvier le don de cent vingt estampes à l’État cubain.

Celles-ci devraient rejoindre en avril le fonds du Musée national des beaux-arts à La Havane. Un petit assortiment de neuf pièces a été dévoilé lors d’une cérémonie officielle le 25 janvier. Cet amuse-bouche mettait en exergue les noms de Pissarro, Vuillard, Rouault, Duchamp, Miró, Masson, Picasso, Lichtenstein et Warhol. La pièce de Marcel Duchamp, qui date de 1967 et représente sa main tenant un cigare, a dû faire mouche dans l’esprit des Cubains !
 
« C’est une donation non au musée, mais au peuple cubain, nous a précisé Gilbert Brownstone. Je veux que ces œuvres soient en dépôt au musée, qui a les conditions requises pour les protéger. » Si le Musée national des beaux-arts est déjà riche en estampes de Wifredo Lam, il pourrait devenir l’une des institutions les mieux dotées en gravures de Masson, dont certaines sont des érotiques rares. « C’est un don très important, car nous ne possédons pas beaucoup de pièces d’artistes étrangers du XXe siècle dans nos collections. C’est essentiel pour nous d’avoir Dalí, Warhol ou Lichtenstein, nous a indiqué la directrice du musée, Moraima Clavijo Colom. Gilbert veut que ces pièces soient diffusées dans tout le pays. » En mai, une exposition de la série des Portraits imaginaires de Picasso devrait d’ailleurs se tenir à Holguín, dans l’est de l’île.

Pour le cinquantenaire de la révolution
Pourquoi Gilbert Brownstone a-t-il choisi d’offrir cet ensemble à Cuba, alors qu’il avait donné en 2002 une cinquantaine de pièces d’art minimal au Norton Museum of Art à West Palm Beach (Floride), et une grande œuvre de Franz Erhard Walther au Musée national d’art moderne à Paris ? « Notre fondation a commencé en 2001 à travailler à Cuba, en y organisant des expositions, et en soutenant la Biennale de La Havane. Nous avons par exemple aidé l’événement à publier un catalogue moins cher pour le peuple. On a aussi créé une vidéothèque sur la danse, la "salle Noemi", au deuxième étage du centre de danse de La Havane, explique le philanthrope. Je suis attaché à ce pays qui fait beaucoup de choses pour la culture, l’éducation, la santé. Il n’y a pas d’autre nation au monde qui a fait autant pour la culture de son peuple sans en avoir les ressources économiques. »

L’ancien galeriste explique qu’il avait voulu procéder à ce don à l’occasion du cinquantenaire de la révolution cubaine en décembre 2009. Mais les autorités étaient alors occupées par d’autres festivités. Si l’intéressé élude toute question d’ordre politique, il aurait pourtant déclaré, selon l’agence de presse cubaine ACN, qu’il dédiait cette donation aux cinq agents cubains emprisonnés depuis 1998 aux États-Unis pour actes d’espionnage et conspiration.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°318 du 5 février 2010, avec le titre suivant : De grands noms pour le Musée de La Havane

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