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Collection Berardo : en route pour Rio

Par Carrillo de Albornoz Cristina · Le Journal des Arts

Le 2 février 2010 - 526 mots

RIO DE JANEIRO / BRÉSIL

L’accord signé il y a quatre ans entre José Berardo et le gouvernement portugais pour l’achat de sa collection est fragilisé par la crise.

LISBONNE - Lorsque le milliardaire José Berardo signait enfin, en avril 2006, après dix ans d’âpres négociations avec le gouvernement portugais, l’accord prévoyant la création du « Musée Berardo d’art moderne et contemporain », le Premier ministre, José Sócrates, déclarait : « Avec cet ensemble d’œuvres d’art, le pays s’enrichit et Lisbonne devient une ville meilleure. Par le passé, la route européenne de l’art moderne s’arrêtait à Madrid ; aujourd’hui, elle débute ici. »

Depuis, l’instabilité politique et la crise économique ont sérieusement affecté la scène culturelle portugaise. L’année écoulée a vu se succéder trois ministres de la Culture différents, et le mystère reste entier : le projet initial d’établir un musée définitif et permanent autour de la collection Berardo se réalisera-t-il un jour ?

Dans le contrat signé en 2006, José Berardo s’engage à mettre en dépôt 862 œuvres de sa collection d’art moderne et contemporain au Centre culturel Belém, à Lisbonne, pour une durée fixée à dix ans. Ce prêt a la possibilité d’être renouvelé, sous réserve d’un accord mutuel. José Berardo a également accepté que l’État bénéficie d’une option d’achat exclusive sur la collection en 2016. Parmi les œuvres que le collectionneur accumule depuis les années 1980, figurent des Picasso, Bacon, Warhol, Arman, Balthus, Fontana, Staël, da Silva, De Kooning et Frank Stella.

Cependant, José Berardo nous a confié qu’il concevait pour Rio de Janeiro, au Brésil, un nouveau projet de musée destiné à y présenter sa collection Art déco. L’ouverture est prévue pour 2011 : « J’ai rencontré plusieurs fois le maire et gouverneur et tous deux m’ont demandé mon aval. En deux mots, j’ai accepté des termes semblables à ceux établis avec le Portugal : un accord de prêt sur dix ans. Pour le moment, nous essayons de trouver l’endroit idéal pour accueillir la collection. »

Cet ensemble Art déco est l’un des plus importants existant en mains privées ; il comprend à ce jour environ 400 pièces de mobilier, auxquelles s’ajoutent un nombre considérable de tableaux, sculptures, céramiques, pièces en argenterie, des verreries, et autres objets de décoration intérieure signés par les plus grands noms de l’Art déco tels René Lalique, Edgar Brandt, Jean Perzel, Jules Leleu, Alfred Porteneuve et Jacques-Émile Ruhlmann. Il nous a également fait part de ses doutes quant à la volonté du gouvernement portugais de se porter acquéreur de sa collection : « À cause de la crise économique, le gouvernement portugais a d’autres priorités. D’un point de vue pratique, pourquoi dépenseraient-ils autant d’argent alors qu’ils peuvent renouveler le prêt… pour dix ans supplémentaires ? »
 
Selon Jean-François Chougnet, directeur du Musée de Lisbonne, le gouvernement rate une occasion en or, car, en 2016, aux termes du contrat, l’acquisition des œuvres se fera sur la base de l’estimation globale rendue par Christie’s en 2006, soit un total de 316 millions d’euros. Cette estimation n’inclut pas les nouvelles acquisitions effectuées depuis 2006. Ces dernières sont financées à parité par l’État et José Berardo, le budget annuel total s’élevant à 1 million d’euros.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°318 du 5 février 2010, avec le titre suivant : Collection Berardo : en route pour Rio

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