Politique

Aillagon, un homme de la culture au ministère

Par Jean-François Lasnier · Le Journal des Arts

Le 17 mai 2002 - 565 mots

Ancien président du Centre Georges-Pompidou, Jean-Jacques Aillagon a été nommé ministre de la Culture et de la Communication. Il lui reviendra de "donner une nouvelle impulsion à la politique culturelle", tout en assumant le lourd héritage des grands travaux.

PARIS - “S’il m’était donné d’être appelé au ministère de la Culture, je crois savoir ce que je voudrais y faire et avec quelles équipes”, nous déclarait Jean-Jacques Aillagon il y a deux mois (lire le JdA n° 145, 22 mars 2002). Son vœu a été exaucé. À peine reconduit dans ses fonctions de président du Centre Georges-Pompidou, qu’il occupe depuis 1996, il succède en effet à Catherine Tasca rue de Valois. Qu’on partage ou non les choix politiques du nouveau ministre, il faut se féliciter qu’un acteur éminent de la vie culturelle française soit appelé à une telle responsabilité, abandonnée depuis quelque temps à des personnalités politiques plus ou moins motivées, placées de facto sous la tutelle de leur propre administration.

Pour Jean-Jacques Aillagon, cette nomination marque l’aboutissement d’une carrière atypique commencée comme professeur d’histoire et de géographie en Corrèze (il est aussi diplômé en histoire de l’art). Son parcours l’a mené successivement au Centre d’études et de recherches architecturales (1976-1977), à l’École nationale supérieure des beaux-arts de 1977 à 1981, et déjà au Centre Georges-Pompidou en tant qu’administrateur du Musée national d’art moderne de 1982 à 1985. À cette date, il rejoint la Ville de Paris où il deviendra directeur des affaires culturelles en 1993. Trois ans plus tard, il était nommé président du Centre Georges-Pompidou.

Rue de Valois, Jean-Jacques Aillagon sera chargé de veiller aux respects des engagements du président de la République ; celui-ci a en effet affirmé pendant la campagne électorale que “le budget du ministère de la Culture doit cesser d’être la ‘variable d’ajustement’ qu’il a trop souvent été : il doit être ‘sanctuarisé’”. De fâcheux précédents, en 1995 et en 1997, invitent à la vigilance.
L’un des principaux axes de la politique culturelle tels qu’ils avaient été définis par Jacques Chirac dans son discours programmatique du 8 avril, consiste à “libérer l’initiative et instaurer une nouvelle règle du jeu” entre l’État et les différents partenaires de l’action culturelle.

Dans ce cadre, il fallait “confirmer l’autonomie et la vocation nationale des grands établissements culturels” et notamment “inscrire les moyens dans la durée”. Jean-Jacques Aillagon, en tant que président d’une de ces grandes institutions, avait souvent déploré que les charges pesant sur son établissement crûssent plus rapidement que la dotation budgétaire de l’État. Le voilà à même de remédier à ce problème et aux autres diagnostiqués par Jacques Chirac : “capacités d’initiative bridées et freinées par des règlements désuets, fiscalité inadaptée, tutelle d’un autre âge, paralysie budgétaire, absence de projet”.

Le directeur de cabinet du ministre, Guillaume Cerutti, n’est pas un inconnu, puisqu’un rapport de cet inspecteur des Finances, par ailleurs ancien directeur général du Centre Pompidou, avait largement inspiré les dispositions fiscales de la loi musée. Un autre rapport resté confidentiel comportait notamment des propositions de réorganisation des musées nationaux.

Les prédécesseurs de Jean-Jacques Aillagon lui ont laissé un héritage lourd à porter, fait de grandes institutions à la croissance mal maîtrisée et surtout de grands travaux coûteux qui obèrent largement la capacité d’action du ministère (lire page 3). Et reste une inconnue : le résultat des élections législatives des 9 et 16 juin, qui pourrait tout remettre en cause.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°149 du 17 mai 2002, avec le titre suivant : Aillagon, un homme de la culture au ministère

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