Christie’s plombe les grandes ventes d’art impressionniste et moderne de New York

lejournaldesarts.fr

Le 3 novembre 2011 - 774 mots

NEW YORK [03.11.11] - Bilan mitigé pour les grandes ventes du soir d’art impressionniste et moderne de New York. Si Sotheby’s rentre dans sa fourchette estimative, grâce notamment aux 40,4 millions de dollars obtenus pour une toile de Klimt, Christie’s a subi un véritable revers de la part des acheteurs, qui n’ont pas voulu de sa statuette de Degas estimée à plus de 25 millions de dollars. Le produit des deux ventes baisse de 26 % par rapport à l’an dernier.

La saison des ventes d’automne de New York s’est ouverte sur les inquiétants résultats de la vacation d’art impressionniste et moderne de Christie’s du 1er novembre. Sur les 83 lots présentés, 31 ont été ravalés, parmi lesquels bon nombre d’œuvres phare telles que la « Petite danseuse de quatorze ans » d'Edgar Degas (estimée de 25 à 35 millions de dollars), deux toiles de Pablo Picasso, « Femme endormie » et « Tête de femme au chapeau mauve », estimées toutes deux entre 12 et 18 millions de dollars. Toujours parmi les invendus figurent également « La Robe violette » d’Henri Matisse, estimée de 4 à 6 millions de dollars, un bronze d’Alberto Giacometti « Femme de Venise », dont la fourchette estimative s’étalait de 10 à 15 millions de dollars mais aussi « La Leçon » de Pierre-Auguste Renoir, estimée entre 5 et 7 millions de dollars.

C’est d’ailleurs une véritable leçon que le marché semble avoir voulu donner à la maison de ventes. Avec un bilan total de 141 millions de dollars – avec les frais - (102 millions d’euros), Christie’s est bien loin des 216 millions de dollars d’estimation basse espérés, pourtant sans les frais. Son directeur international du département « Tableaux impressionnistes et modernes », Thomas Seydoux, reconnaît que la vente était bien trop ambitieuse : « il y avait énormément de lots, proposés à des estimations bien trop élevées… J’ai eu la sensation d’avoir soudain devant moi un éléphant impossible à gérer. » L’insatiable appétit de Christie’s apparaît de plus en plus difficile à contenter… Une estimation de plus de 25 millions de dollars pour la sculpture de Degas, si prestigieuse soit-elle, semble par exemple très difficile à réaliser. D’autant plus lorsque l’on sait que le dernier exemplaire de ce bronze s’est vendu en 2009 à 13,2 millions de livres (18,8 millions de dollars) à Sotheby’s Londres.

Le spécialiste tient néanmoins à souligner les records mondiaux enregistrés lors de cette vacation : « The Stolen Mirror » du surréaliste Max Ernst est parti à 16,3 millions de dollars, et « La Femme qui pleure » , une gravure de Picasso, a été adjugée à 5,12 millions de dollars. Loin de bouder le marché, les acheteurs ne sont simplement pas prêts à suivre des prix démesurés. Thomas Seydoux assure que Christie’s saura tirer les enseignements de cette déconvenue : « nous allons être beaucoup plus rigoureux pour la suite, et proposer des estimations bien plus attractives ».

Sotheby’s tire son épingle du jeu
Le lendemain, Sotheby’s la rivale organisait également sa grande vente impressionniste et moderne. Avec un bilan de 199,9 millions de dollars (147,6 millions d’euros), l’auctioneer rentre dans  la fourchette haute estimative attendue de 167,6 à 229,9 millions de dollars. Rappelons toutefois que la maison d’enchères a préféré vendre de gré à gré le très attendu bronze d'Henri Matisse, « Nu de dos » (1er état), estimé de 20 à 30 millions de dollars. Sur les 70 lots mis finalement aux enchères, 81.4% d’entre eux ont trouvé acquéreur, dont 39 œuvres à plus d’un million d’euros. Le record de la vacation revient sans surprise à la toile de Gustav Klimt intitulée « Litzlberg am Attersee », adjugée à 40,4 millions d’euros (55,3 millions de dollars pour une estimation de 25 millions de dollars). Après avoir été spoliée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, cette huile sur toile a ensuite rejoint les collections du Museum der Moderne de Salzburg, pour finalement être récemment restituée aux descendants de son propriétaire. Notons également les 18 millions de dollars obtenus par « Le Pont d'Argenteuil et la Seine » de Gustave Caillebotte, un record mondial pour l’artiste selon Sotheby’s.

Le produit des ventes du soir des deux maisons de ventes, 340 millions de dollars affiche une baisse de 26 % par rapport à novembre 2010 mais une hausse de 38 % par rapport à novembre 2009 (247 millions de dollars). Elle se situe peu ou prou au niveau de novembre 2008 (370 millions de dollars), lorsque les ventes suivaient de peu la faillite de Lehmann Brothers. Les vacations du 1er et du 2 novembre montrent que les gros acheteurs sont toujours présents à l’appel, mais pas à n’importe quel prix. Les grandes ventes d’art contemporain des 8 et 9 novembre à New York, chez Christie’s ou Sotheby’s devraient confirmer cette tendance.

Légende photo

Gustav Klimt, Litzlberg am Attersee (Le mont Litzl près du lac Attersee) - 110 Á— 110 cm - c. 1910-1912

Max Ernst, The Stolen Mirror, 1941, huile sur toile, 65 x 81 cm. Vendue plus de 16 millions de dollars (record mondial pour l'artiste), la toile était estimée entre 4 et 6 millions de dollars - © photo Cea - 2011 - Licence CC BY 2.0 

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