Les Halles Esquillan de Fontainebleau en instance de classement

Par Margot Boutges · lejournaldesarts.fr

Le 8 mars 2013 - 587 mots

FONTAINEBLEAU [08.03.13] - Alors que les engins avaient investi le site, riverains et associations patrimoniales ont occupé les halles de Fontainebleau conçues par Nicolas Esquillan pour s’opposer en urgence à leur démolition. Le ministère de la Culture a lancé une instance de classement de l’édifice.

Le ministère de la Culture a lancé une procédure d’examen en vue du classement de la Halle de Fontainebleau a annoncé la mairie dans un communiqué le 6 mars, interrompant in extremis la démolition de cet édifice construit par Nicolas Esquillan, initialement prévue au cours de l’été 2013, mais qui a été accélérée par la Municipalité.

« Les engins sont prêts à agir. » C’est par ces mots que Jean-François Cabestan, historien de l’architecture, avait alerté les médias durant l’après-midi du 5 mars.

Une fois la halle débarrassée des marchandises du marché matinal, les Bellifontains ont vu un périmètre de sécurité dressé autour du site peu à peu désélectrifié. Machines et ouvriers se sont mis en place, prêts à démarrer le chantier. Une quarantaine de riverains et commerçants, rejoints par des associations patrimoniales, ont occupé le site en fin de journée tandis qu’Alexandre Gady, président de la Société pour la protection du paysage et de l’esthétique de la France (SPPEF), faisait le siège du ministère de la Culture, pour inciter à interrompre le processus de démolition.

Le soir, le ministère, qui tergiversait sur le dossier depuis quelques mois, posait en urgence une instance de classement sur la halle tandis que les riverains ont continué à occuper le lieu jusqu’au matin.

Conçue en 1936 par l’ingénieur-constructeur Nicolas Esquillan auteur de la grande voûte en béton du CNIT à La Défense et bâtie en 1941 par l’architecte Henri Bard, la halle en béton aux piliers effilés et à la voûte mince (décrite par Alexandre Gady comme un « exploit technique »), était promise à la destruction par un permis de démolir avalisé par un architecte des Bâtiments de France signé en octobre 2012.

Désireuse de bâtir un nouveau « cœur de ville » autour de la place de la République, la mairie de Fontainebleau avait programmé la démolition de ce marché couvert pour la remplacer par une nouvelle halle en verre. Le retrait de cette construction aurait débouché la vue sur l’hôtel de la Mission et permis l’extension d’un parking souterrain. Face à l’opposition d’une destruction « effectuée en toute légalité », la ville a pris « la décision d’accélérer le calendrier du chantier (…) pour faire cesser l’acharnement procédural de quelques-uns ».

Contactés par des Bellifontains pour apporter « une vision scientifique » à leurs revendications, Jean-François Cabestan et Alexandre Gady ont déposé deux recours devant le tribunal administratif de Melun en janvier 2013 : l’un contre le permis de démolir pour « erreur manifeste d’appréciation » eu égard à la qualité supposée de l’édifice, et un référé suspensif car un appel d’offre pour la démolition venait d’être lancé.

Ils espèrent que la halle sera définitivement classée au terme de cette année de protection temporaire. En 1990, les halles Boulingrin à Reims, dessinées par Freyssinet, avaient reçu le classement après avoir été promises aux pelleteuses. Elles ont été récemment restaurées .

En attendant, une exposition va être organisée en septembre 2013 pour « présenter l’histoire de la halle et son intérêt patrimonial ». « Il faut continuer à occuper le site », a déclaré Jean-François Cabestan. Bien que celui-ci accueille toujours le marché, la Ville espère toujours se débarrasser de cette construction « vampirisante ». « Nous ne baisserons par les bras », annonce-t-elle.

Légendes photos

Départ des engins de démolition de la Halle du marché de Fontainebleau.
Un périmètre de sécurité autour de la Halle.
Photos prise mercredi 6 mars 2013 au matin - © Photo courtesy Jean François Cabestan

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