Destruction annoncée de la halle de Fontainebleau

Par Margot Boutges · lejournaldesarts.fr

Le 22 juillet 2013 - 547 mots

FONTAINEBLEAU [22.07.13] - Craignant de devoir dédommager la municipalité bellifontaine, le ministère de la Culture a décidé de lever l’instance de classement de la halle de Fontainebleau posée en urgence en mars 2013.

Le ministère de la Culture avait posé en mars 2013 une instance de classement sur la halle de Fontainebleau. Une mesure prise en urgence alors que les bulldozers, envoyés par surprise par la municipalité bellifontaine, s’apprêtaient à raser l’édifice défendu par des riverains et des associations patrimoniales.

Le ministère a décidé le 19 juillet que le bâtiment, conçu en 1936 par l’ingénieur-constructeur Nicolas Esquillan (auteur de la grande voûte en béton du CNIT à La Défense) et bâti en 1941 par l’architecte Henri Bard, ne serait plus protégé par cette mesure conservatoire qui applique à l’immeuble tous les effets du classement pendant un an, délai durant lequel l’administration peut mettre en œuvre une procédure normale de protection.

L’information diffusée par l’historien de l’architecture Jean-François Cabestan, défenseur de la sauvegarde de la halle, a été confirmée par la Direction Générale des Patrimoines et par la Mairie de Fontainebleau.

Le maire Frédéric Valletoux, qui avait lancé une pétition pour que l’édifice ne bénéficie pas de protection, s’est réjoui de cette décision « ouvrant désormais la voie au bon déroulement des travaux d’aménagement de la place de la République. » Un permis de démolir, avalisé par un architecte des Bâtiments de France en septembre 2012, avait été signé en octobre 2012, afin de démolir ce marché couvert toujours en activité pour la remplacer par une nouvelle halle en verre et permettre l’extension d’un parking souterrain. Le risque de devoir dédommager les différents prestataires des travaux de réaménagement est à l’origine du ministère de la Culture de ne pas aller au bout de la procédure de protection de l’édifice.

« Le projet d’aménagement a été présenté en mai 2012. C’est une situation créatrice de droit pour la Mairie. Si un contentieux a lieu, cela pourrait nous coûter quelques millions d’euros », a déclaré Vincent Berjot, Directeur des Patrimoines, qui a reconnu que l’édifice n’était « pas sans intérêt patrimonial dans le processus historique des halles en voile de béton » tout en la jugeant peu exceptionnelle.

Il a cependant regretté « une insuffisance de dialogue » entre la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) et l’Architecte des Bâtiments de France. Ce dernier a autorisé la destruction de la halle en 2012 afin de déboucher la vue sur l’Hôtel des Missions sur la Place de la République. Un bâtiment du XVIIe siècle à la façade inscrite Monument Historique depuis 1949, face à une halle ne bénéficiant pas du label du Patrimoine du XXe siècle. « Un label qui devrait être attribué plus largement », selon Vincent Berjot.

Jean-François Cabestan, qui entendait bien « occuper le terrain » jusqu’à mars 2014, terme de l’instance de classement, en organisant expositions et tables-rondes sur le thème de la halle et de son concepteur, envisage aujourd’hui une procédure de médiation entre les différents acteurs du dossier, notamment Patrick Chavannes, l’architecte chargé du projet de la future place de la République, afin que l’édifice soit finalement épargné.

Frédéric Valletoux a de son côté indiqué qu’il dévoilerait, en septembre, un nouveau planning des travaux de la place et une date de démolition de la halle.

Légende photo

La Halle du marché de Fontainebleau © Photo courtesy Jean François Cabestan - 6 mars 2013

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