Environnement

Pluie, pollution, usure... Le cri d'alarme de Notre-Dame de Paris

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 3 juillet 2017 - 672 mots

PARIS

PARIS [03.07.17] - La liste des travaux à mener d'urgence s'allonge, et l'Etat aura du mal à y faire face seul : victime de la pollution, des intempéries et de l'usure du temps, la cathédrale Notre-Dame de Paris sonne l'alarme afin que des mécènes, notamment américains, se portent à son chevet.

La cathédrale Notre-Dame de Paris, vue de la façade sud le long de la Seine
La cathédrale Notre-Dame de Paris, vue de la façade sud le long de la Seine
Photo Zuffe

Inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, le monument historique le plus visité d'Europe (12 à 14 millions d'entrées par an), joyau de l'architecture gothique du XIIe au XIVe siècle, domine l'île de la Cité de ses tours et de sa façade resplendissantes. Passé ce décor, d'autres parties extérieures sont dans un état moins reluisant. C'est net au chevet de la cathédrale. Ici, des gargouilles, ces gouttières médiévales, ont perdu leur tête et arborent d'inélégants tuyaux en PVC pour l'évacuation des eaux. Là, une balustrade de pierre a disparu, remplacée par une planche de bois. Là encore un pinacle est en ruine, la pierre a fondu à la façon d'une boule de glace, le montant d'un vitrail est rongé... Dans les hauteurs, sous les arcs-boutants qui soutiennent la cathédrale, des éléments décoratifs qui se sont détachés ont été déposés par précaution et forment de petits cimetières de pierres.

L'Etat, propriétaire de l'édifice, lui consacre déjà deux millions d'euros par an. Il s'est même engagé à verser un euro de subvention supplémentaire par euro de mécénat recueilli par la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris, dans la limite de 4 millions par an de contribution publique, aux termes d'un accord-cadre signé début mai à l'Elysée. Responsable de la communication de la cathédrale et amoureux de l'édifice dont il connaît le moindre recoin, André Finot s'est mis en tête de trouver de nouveaux mécènes. « Il y a vraiment urgence », confie-t-il à l'AFP en désignant les dégâts causés par la pollution de l'air et les pluies acides, tout en saluant l'apport constant de l'Etat. « On se rend compte que ce n'est pas assez ». Il faut, au bas mot, 100 millions d'euros sur vingt ans, 150 sur trente ans pour assumer les travaux nécessaires.

D'où l'idée de chercher de l'argent ailleurs, avec un fonds français ad hoc créé auprès de la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris. « On va quand même faire appel aux Français : il faut qu'ils aient conscience du patrimoine incroyable dont ils disposent », souligne ce responsable en rappelant que la cathédrale, bien qu'affectée au culte catholique, « est ouverte à tout le monde ». « On reçoit d'ailleurs toute l'année des témoignages disant : Je ne suis pas croyant mais j'aime ce lieu. » Surtout, une fondation de droit américain, Friends of Notre-Dame de Paris, vient d'être créée pour toucher aux Etats-Unis un public « qui a la culture du don et est très attaché à ce monument ».

Les stars américaines de passage à Paris n'hésitent pas à faire le détour par Notre-Dame, à l'image de la diva pop Beyoncé et de son rappeur de mari Jay Z. Les touristes d'outre-Atlantique sont particulièrement attachés à Quasimodo et aux autres personnages - immortalisés par le cinéma et la comédie musicale - sortis de l'imaginaire de Victor Hugo, dont le roman "Notre-Dame de Paris" (1831) a amplifié le mouvement en faveur de la restauration de la cathédrale au XIXe siècle.

Aujourd'hui, la flèche dressée sur les quatre piliers du transept a besoin d'une coûteuse restauration. Impressionnante avec ses 93 mètres de haut et ses 250 tonnes de plomb, elle souffre de « problèmes de couverture, et la pluie risque d'attaquer la charpente », commente Marie-Hélène Didier, conservatrice générale du patrimoine.

« Nous ne sommes quand même pas en situation de péril, on arrive au moins à parer au plus pressé », assure cette fonctionnaire de l'Etat. Mais « l'apport de mécènes privés nous permettrait d'accélérer le phasage des travaux et peut-être de commencer en parallèle un ou deux arcs-boutants », estime-t-elle. Sous l'oeil de l'architecte Eugène Viollet-le-Duc, grand restaurateur des lieux, dont la statue de cuivre en saint Thomas devrait bientôt, elle-même, profiter d'une cure de jouvence.

Thématiques

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque