Musée

Une nouvelle vie pour le musée Anne-de-Beaujeu

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 12 mai 2018 - 724 mots

MOULINS

Afin de montrer plus d’œuvres et de proposer plus de médiation, le musée des beaux-arts de Moulins procède depuis plusieurs années à une lente et discrète refonte de ses parcours.

La nouvelle salle des retables du Musée Anne de Beaujeu.
La nouvelle salle des retables du Musée Anne de Beaujeu.
Photo Christian Parisey

Moulins. La petite préfecture de l’Allier compte moins de 20 000 habitants, mais pas moins de cinq musées. Pour ceux-ci, les quinze dernières années ont été décisives, avec la création du Musée de l’illustration jeunesse et du Centre national des costumes de scène (CNCS) qui ont respectivement ouvert leurs portes au public en 2005 et 2006. La Maison Mantin, demeure bourgeoise de la fin du XIXe siècle décorée dans un goût éclectique, a été rendue au public en 2010 après soixante-dix ans de fermeture. Le doyen des musées moulinois, le Musée Anne-de-Beaujeu, effectue quant à lui une renaissance lente et discrète. Voilà plusieurs années que ce musée de beaux-arts auquel la Maison Mantin est adossée (et qui partage avec elle une même gestion) fait l’objet d’un réaménagement complet de ses espaces.

Installé dans le pavillon Renaissance du palais des ducs de Bourbon depuis le début du XXe siècle, ce musée, dont les collections ont commencé à être constituées au milieu du XIXe siècle par une société savante locale, est passé en 2004 sous la houlette du Département (il était géré auparavant par un syndicat mixte). « Après la réouverture de la Maison Mantin, qui a rencontré un gros succès, l’objectif du conseil général et des nouvelles équipes scientifiques était de rénover un musée qui s’était endormi dans les années 1990 », explique Maud Leyoudec, attachée de conversation et responsable des collections. En 2010, un espace est dévolu aux expositions temporaires et un auditorium est créé en 2012. Le parcours permanent est, lui, remanié tranche après tranche : salle de la faïence moulinoise en 2013, salle d’archéologie égyptienne en 2014…« L’accrochage des années 1980 était plutôt minimaliste et organisé autour d’une sélection drastique d’œuvres, le but était de densifier la présentation », explique Maud Leyoudec. C’est donc un accrochage à touche-touche typique du XIXe siècle qui a été retenu pour le « Salon de peinture », qui expose depuis 2015 la peinture académique réalisée entre 1850 et 1900. Y cohabitent étroitement une Salammbô de Rochegrosse ou La Vérité sortant du puits de Jean Léon Gérôme, qui témoignent de l’action d’une conservatrice qui, à la fin des années 1970, a largement doté le musée en « art pompier », bien avant que celui-ci ne soit remis en faveur. On y trouve aussi des acquisitions récentes (Lady MacBeth de Jean-Paul Laurens) ou des dépôts de l’État (Les hommes du Saint-Office du même Laurens).

Un nouveau parcours à visée didactique

Un livret de visite – qui veut rappeler ceux publiés lors des salons officiels du XIXe siècle – précise le sens de cette présentation resserrée et fournit nombre d’informations. La dimension pédagogique est bien au centre du nouveau parcours du musée, qui multiplie les grilles de lecture (histoire des collections, iconographie, destination des œuvres…) et les dispositifs de médiation (cartels, fiches de salles, vidéos, maquettes, bornes interactives, jeux de toutes sortes). C’est particulièrement vrai dans la « salle des retables », qui expose des panneaux peints des XVe et XVIe siècles, qui ont dû être restaurés pour avoir souffert de problèmes de climatisation dans une présentation antérieure. Cet espace ouvert en 2017 est on ne peut plus didactique, notamment sur la question des Musées nationaux récupération (MNR). Le musée en expose six (dont Une femme à l’œillet donnée à l’École de Cranach, qui a fait partie de la collection d’Hermann Göring) sur laquelle la médiation s’appesantit largement, même si on peut regretter qu’elle n’indique pas limpidement que ces œuvres récupérés après la Seconde Guerre mondiale attendent d’être restituées à leurs ayants droit. La refonte du parcours doit se poursuivre jusqu’en 2021 avec l’archéologie régionale et la sculpture bourbonnaise. Cet automne, une nouvelle petite salle consacrée aux arts décoratifs du XIXe siècle présentera six vases d’Émile Gallé donnés au musée dans les années 1920. Des vases qui n’ont encore jamais été exposés et qui, comme une large part des collections de cette institution labellisée Musée de France, sont très peu connus du public. Si une part des œuvres du Musée Anne-de-Beaujeu fait l’objet, depuis quelques années, de savants catalogues papiers (dont Peintures, sculptures et objets d’art du Moyen Âge et de la Renaissance paru en 2017), les collections sont quasiment absentes de tous les supports qu’offre Internet.

 

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°500 du 27 avril 2018, avec le titre suivant : Une nouvelle vie pour le musée Anne-de-Beaujeu

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