Londres

Un musée pour les Futuristes italiens

La collection privée d’Eric et Salome Estorick restera à Londres

Par Roger Bevan · Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1994 - 541 mots

Un nouveau musée privé, riche en tableaux et dessins italiens modernes, doit ouvrir ses portes en mars 1996 à Londres, sous le nom de Fondation Eric et Salome Estorick.

LONDRES - Le musée doit recevoir une centaine d’œuvres d’art, une fois réglée la succession d’Estorick, ancien propriétaire de la galerie Grosvenor, mort en 1993. On y remarque, en particulier, une importante collection de toiles et de dessins des Futuristes italiens – la plus riche des collections privées en ce domaine –, complétée par des œuvres de Medardo Rosso, Modigliani, Giorgio De Chirico, Massimo Campigli et Giacomo Manzu.

Elle comprend des chefs-d’œuvre du Futurisme, comme La main du violoniste de Balla (1912), Idole moderne de Boccioni (1911), Sortie de théâtre de Carra (1909), Musique de Russolo (1911) et Boulevard de Severini. Eric Estorick avait acquis ces tableaux au cours d’une décennie faste, qui semble avoir pris fin lorsqu’il a présenté sa collection d’art italien à la Tate Gallery, en 1956.

Des fonds pour la fondation
Onze toiles et un dessin, destinés à la nouvelle fondation, ont été exposés à la galerie Grosvenor en octobre, avec cinq autres œuvres de Picasso, Braque, Derain, Magritte et Pascin, que la succession a mis en vente pour doter la fondation afin de financer ses dépenses courantes. Alexandra Noble, ancienne collaboratrice du département Expositions du South Bank Centre, a été nommée conservatrice de la nouvelle fondation.

D’autres destinations ont été un moment envisagées : don de la collection au Metropolitan Museum de New York ou à l’Israel Museum de Jérusalem ; partage entre les héritiers, Michæl, président du conseil d’administration de la fondation, et Isobel, présidente de la fondation.

La collection sera hébergée à Northampton Lodge, vaste maison de maître de style géorgien sise à Islington, construite au début du XIXe siècle comme résidence et embellie à l’origine par de vastes jardins, aujourd’hui disparus sous les blocs d’une cité résidentielle. Longtemps fermée, et condamnée avant la Seconde Guerre mondiale, la bâtisse a été rachetée par Basil Spence en 1973, pour y aménager ses bureaux d’architecture. En 1982, le spécialiste en ordinateurs Systems Union s’y installe, et c’est à cette firme que la fondation a acheté la propriété en septembre. Les 500 000 livres nécessaires (4 225 000 francs) ont été trouvées grâce à la vente d’une toile de scène de Kandinsky pour Murnau.

Un musée très moderne
Nathaniel Gee, qui travaille avec l’architecte japonais Arata Isozaki à la refonte de Pace-Wildenstein, a été chargé de restaurer le bâtiment, qui comporte quatre niveaux et deux pavillons annexes. Son projet créera deux grandes galeries au rez-de-chaussée pour exposer les tableaux à l’huile, quatre pièces plus intimes pour les dessins et œuvres sur papier au premier étage, une bibliothèque spécialisée, et les bureaux de la fondation au second. Une cafétéria et une boutique seront installées au niveau du jardin.

Les deux pavillons latéraux seront reconstruits afin de créer deux grands espaces que l’on pourra utiliser pour des expositions d’art contemporain, des manifestations poétiques, musicales ou autres, en relation avec l’esprit du Futurisme. C’est une énorme tâche dont le coût prévisionnel est de 500 000 livres : cette somme sera pour moitié fournie par la dotation de la fondation ; les autorités locales et d’autres financements, publics et privés, devraient apporter le complément.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°9 du 1 décembre 1994, avec le titre suivant : Un musée pour les Futuristes italiens

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