Restitutions

Un musée britannique donne 245 vaches à des familles Massaï

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 6 août 2023 - 413 mots

OXFORD / ROYAUME-UNI

Le musée d’Oxford a offert des vaches à des familles kenyanes pour compenser des objets volés pendant l’époque coloniale. 

Groupe de personnes faisant partie de la communauté Massaï, 1989 © Willy Horsch CC BY-SA 3.0
Groupe de personnes faisant partie de la communauté Massaï, 1989.

Le Musée Pitt Rivers d’Oxford a décidé de compenser la perte d’objets historiques et culturels des Massaï, une communauté indigène du Kenya et de la Tanzanie, en leur offrant des vaches. Ce « don symbolique » vise à établir des relations équitables avec les peuples indigènes dont le patrimoine est conservé dans le musée. 

Au total, 245 vaches ont été offertes à cinq familles massaï, d’une valeur de 6,73 millions de shillings kenyans (42 000 euros). Les vaches ont été remises lors de cérémonies qui se sont déroulées entre le 26 juin et le 5 juillet. Les familles Sululu et Mpaima ont ainsi reçu 98 vaches lors d’une cérémonie à Loita, au sud-ouest de Nairobi, près de la frontière tanzanienne, selon le journal kenyan The Nation

Tout a commencé en 2017, lorsqu’un militant des droits de l’homme massaï, Samwel Nangiria, a visité le musée à Oxford et a découvert des objets « culturellement sensibles » dans la collection. Parmi les 188 objets attribués à la communauté massaï, cinq n’auraient jamais dû être empruntés vendus ou donnés, selon la coutume massaï. Il s’agit d’un collier et d’un bracelet transmis de père en fils, d’une boucle d’oreille et d’un ornement de tête portés par des jeunes filles après l’excision, ainsi que d’un ornement de cou porté par les femmes mariées.

« L’absence de ces objets dans une famille est considérée comme un facteur de malchance, de sorte que leur présence dans le musée continue de porter préjudice aux descendants », a déclaré le musée. « Le musée a par la suite pris conseil auprès des anciens de la tradition massaï et des chefs religieux pour trouver des solutions en ce qui concerne la conservation des objets ». « Ces [cinq] objets n’ont jamais été exposés ou étudiés publiquement, probablement en raison d’une documentation historique limitée et du manque d’intérêt des chercheurs pour les collections massaï », indique le Pitt Rivers. 

La visite de Samwel Nangiria en 2017 a conduit à la création du Projet des cultures vivantes massaï, un projet de collaboration entre des représentants de la communauté massaï kenyane et tanzanienne et le Pitt Rivers, visant à renforcer la confiance et à répondre aux préoccupations concernant la représentation de la culture massaï dans les musées. 

Le Musée Pitt Rivers a souligné qu’aucune réclamation n’a été déposée pour les objets, mais qu’il « suivrait les procédures universitaires établies » si des familles massaï les réclamaient. 
 

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