Vestiges

Un château narbonnais à Toulouse

Le Journal des Arts

Le 6 mai 2008 - 476 mots

Une crypte archéologique doit ouvrir au public dans le sous-sol du nouveau palais de Justice de Toulouse.

TOULOUSE - Inauguré début mars, le nouveau palais de Justice de Toulouse puise sa légitimité judiciaire dans son sous-sol. En 1444, un parlement s’installait, en effet, dans le château narbonnais. Le projet du concours attribué en 1995 à l’architecte Pascal Prunet a nécessité la démolition d’anciens bâtiments construits au XIXe siècle. Le chantier archéologique, débuté en 1999, a mis au jour des vestiges inconnus de l’histoire urbaine de Toulouse : voie romaine, porte gallo-romaine, façade sud du château narbonnais. Sorte de mythe urbain, le château narbonnais, par le récit de sa destruction en 1550 et la construction des bâtiments au XIXe siècle, rendaient les historiens très sceptiques sur la présence de vestiges. Les découvertes archéologiques faites en août 2005 confirment pourtant sa présence en ces lieux. « Le comte de Toulouse est au XIIe siècle l’un des quatre grands princes de l’Occident, rappelle Jean Catalo, archéologue de l’Inrap responsable de l’opération qui a occupé dix ans de sa vie professionnelle. Ici, nous sommes dans le saint des saints qui témoigne de la mutation d’un pouvoir. Celui-ci n’est pas seulement d’importance locale. Il faut se rappeler que lorsque Toulouse passe dans le royaume de France [en 1271], le comté représente alors 35 % de sa superficie. » Son rapport rendu en février 2008 est actuellement inspecté par les différentes commissions de l’État.

De 1999 à 2008, le calendrier du chantier a confronté le temps de la justice à celui de l’archéologie. Le chantier est même devenu ponctuellement un lieu de contestation, lors de l’occupation symbolique du site par des avocats. En dépit des complications techniques dues à la cohabitation du chantier archéologique et de celui voué à la construction du tribunal, le ministère de la Culture et celui de la Justice décidèrent de conserver les découvertes dans une crypte archéologique destinée à la visite. Aujourd’hui, un cheminement serpente sur les 600 m2 de cette boîte en béton. Mais un tribunal n’a pas pour vocation d’organiser la visite touristique de ses vestiges. Qui va s’occuper de la régie de ce site exceptionnel ? « Il semble légitime qu’il soit pris en charge par la Mairie de Toulouse, c’est un lieu majeur de notre histoire », estime Sonia Ruiz, nouvelle conseillère municipale déléguée au tourisme qui confie que des discussions sont engagées. En revanche, aucune date d’ouverture au public n’est encore fixée. Parmi les nombreux artefacts trouvés sur le site, quels seront ceux présentés au public ? La muséographie non plus n’est pas encore précisément programmée. Seule certitude, la sécurité fixe la jauge à 19 le nombre de visiteurs présents sur place en même temps. Lors des journées du patrimoine de 2006, l’ouverture du chantier avait attiré 4 000 personnes ! À Toulouse aussi, les mythes architecturaux intriguent lorsqu’ils sortent de terre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°281 du 9 mai 2008, avec le titre suivant : Un château narbonnais à Toulouse

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