PHILADELPHIE / ÉTATS-UNIS
Le conseil d’administration du musée américain désapprouve les orientations prises par la directrice depuis son arrivée il y a 3 ans.

Peut-on être licencié pour une mauvaise campagne de publicité ? C’est ce qui vient d’arriver à Sasha Suda, directrice générale du Philadelphia Art Museum (PhAM). Cette affaire révèle les tensions entre la directrice et son conseil d’administration (CA) depuis son arrivée en 2022. Plusieurs aspects de sa politique semblent avoir poussé le CA à prendre cette décision. Il semblerait que la raison première porte sur des levées de fonds largement insuffisantes, la directrice n’ayant pas réussi à mettre en place un mécénat plus solide. La nouvelle identité graphique du musée qu’elle a lancée avant l’accord du conseil aurait été la goutte d’eau.
Sasha Suda est aussi victime de tensions idéologiques : ses désaccords sur la ligne directrice avec le conseil concernant l’inclusion sont rapportés par certains médias. Ainsi The Philadelphia Citizen annonçait en août que certains membres n’étaient pas en accord avec Sasha Suda : « parce qu’elle se concentrait - trop, selon eux - sur l’inclusion, pour ce qu’ils considéraient comme une vision trop étroite en matière d’expositions, et pour un démarrage lent de la collecte de fonds ».
D’origine tchécoslovaque et ayant grandi au Canada, après des études en histoire de l’art à la Princeton University puis une maîtrise au Williams College, Sasha Suda obtient un doctorat à l’Institute of Fine Arts de la New York University sur le culte des saints en Bohême au Moyen Âge. Elle commence sa carrière en 2003 au sein du Metropolitan Museum of Art de New York en tant qu’historienne de l’art au département d’art médiéval. En 2011, Suda retourne au Canada afin d’intégrer la Toronto Art Gallery of Ontario (AGO) en tant que conservatrice. En 2019, elle prend la direction de la National Gallery of Canada, où elle s’est illustrée par l’ouverture d’un département consacré aux Autochtones et à la décolonisation. Elle prend les commandes du PhAM en 2022.
Mais à peine avait-elle mis les pieds dans le musée qu’une grève des salariés récemment syndiqués avait commencé. Elle a duré 19 jours, à la suite de quoi les manifestants ont obtenu gain de cause sur certaines demandes.
Le changement d’identité du musée en octobre 2025 est très critiqué par la presse. Les comparaisons du nouveau logo avec celui d’une équipe de football, d’une marque de bière ou d’une marque de vêtements pour adolescents laissent entendre que l’objectif est d’attirer un public plus jeune. Le changement de nom du Philadelphia Museum of Art en Philadelphia Art Museum n’a cependant fait que confirmer un usage courant.
Son plus gros chantier à la tête de l’institution reste la création d’une aile spécialisée en art contemporain africain. Le Brind Center for African and African Diaspora Art, inauguré en 2023 et financé par le trustee Ira Brind, s’inscrit dans une politique plus large d’équité et de mise en avant des minorités. La directrice avait aussi mis en place une grande exposition sur les artistes afro-américains contemporains, « The Time is Always Now ».
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Sasha Suda évincée du Philadelphia Art Museum
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