Saint-François d’Assise reprend des couleurs

La chapelle Sainte-Madeleine est entièrement restaurée

Le Journal des Arts

Le 1 avril 1996 - 615 mots

La remise en état des fresques de la chapelle Sainte-Madeleine, dans l’église inférieure de la basilique Saint-François d’Assise, vient de s’achever. L’Institut central de restauration se prépare à publier les données recueillies au cours de ses dernières campagnes, qui permettront de préciser certaines attributions.

ASSISE - Au cours d’une trentaine d’interventions, l’Institut central de restauration a remis en état de nombreuses œuvres d’art et tous les grands cycles de fresques du Moyen Âge de la basilique Saint-François d’Assise. En 1989, peu avant la fermeture du dernier chantier, qui concernait les célèbres fresques de la Vie de saint François par Giotto et quelques-uns de ses élèves, il a été procédé à une première série de contrôles et d’entretien sur certaines zones-témoins des peintures murales des deux églises, inférieure et supérieure. Cette campagne s’est prolongée l’année suivante afin de vérifier la validité des méthodes employées.

Enfin, en 1991, un relevé systématique de l’état des fresques médiévales de l’église inférieure a été effectué : celles de Simone Martini dans la chapelle Saint-Martin, et celles de Pietro Lorenzetti dans le transept gauche, les berceaux de la voûte, le transept droit et la chapelle Saint-Nicolas. Tous ces cycles se sont révélés en bon, voire en excellent état par rapport à ce qui avait été constaté et documenté au début de la restauration.

La main de Giotto ?
Il n’en était pas de même pour la décoration murale de la chapelle Sainte-Madeleine. Elle était déjà en mauvais état à la fin du XVIIIe siècle, quand Sebastiano Ranghiasci, un restaurateur "amateur", l’a redécouverte. Avec les moyens rudimentaires de l’époque, il l’a débarrassée des couches de graisse et de noir de fumée accumulées pendant qu’elle était utilisée comme chapelle funéraire. Cette affectation, qui a perduré jusqu’à une époque récente, a largement concouru à sa dégradation, sans compter le vandalisme des troupes napoléoniennes et un début d’incendie au milieu du siècle dernier.

En 1967, une nouvelle remise en état s’est avérée nécessaire, après celle conduite par Domenico Brizi jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale. Alors que ces fresques sont habituellement données à des disciples de l’artiste, les méthodes et les techniques nouvelles employées révélaient une facture de si grande qualité que Pasquale Rotondi, le directeur de l’Institut, y voyait la main de Giotto.

Malheureusement, la couverture du toit de la chapelle n’a été refaite qu’en 1983, soit seize ans après la restauration. Dans l’intervalle, les murs avaient eu le temps de s’imprégner à nouveau d’humidité. Signe révélateur de ce processus, le blanchiment de la surface peinte, à peine perceptible en 1989, était très visible trois ans plus tard. L’intervention qui vient de s’achever n’a pu se limiter à de petites opérations d’entretien, comme pour les cycles précédents. Il a fallu revoir tout ce qui avait été entrepris lors de la précédente campagne.

Publication des données révisées
Pour tous les cycles picturaux inspectés jusqu’ici, auxquels s’ajoutent les scènes de la Vie de saint François, il a été procédé au recueil d’une documentation graphique précise et systématique, ainsi qu’à une documentation photographique partielle, afin de déterminer l’état de conservation, les procédés techniques et les matériaux utilisés.

Cette année, le programme de contrôle et d’entretien éventuel des décorations récemment restaurées va se poursuivre, avec les épisodes de la Vie de saint François et du Christ attribués au Maître de Saint-François, sur les parois de la nef de la basilique inférieure, et les peintures de la Cantoria (Puccio Capanna et autres). En parallèle, il sera procédé à la publication des données révisées. Une réévaluation globale des cycles giottesques et post-giottesques, tenant compte des techniques employées et de la facture, permettra de préciser les attributions, et donc de trancher parmi les opinions critiques divergentes dont on disposait jusqu’à présent.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°24 du 1 avril 1996, avec le titre suivant : Saint-François d’Assise reprend des couleurs

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