Le ministère de la Culture et la Fondation du Patrimoine ont publié des chiffres respectifs sur les sites protégés et les autres.

France. Jusqu’à présent, on connaissait – plus ou moins – l’état sanitaire des 45 070 immeubles classés et inscrits au titre des monuments historiques (MH). Mais qu’en est-il des autres sites patrimoniaux non protégés ? Et d’ailleurs, combien sont-ils, ces sites non protégés bien plus nombreux ? La Fondation du patrimoine vient de livrer quelques chiffres qui permettent d’avoir une vision globale des immeubles présentant un intérêt architectural ou historique. Il y aurait ainsi près de 76 000 monuments, protégés ou pas, en état critique, dont 67 400 non protégés soit 22,78 % de l’ensemble.
Pour intéressants qu’ils soient, les chiffres de la Fondation ne sont pas totalement inédits. Son évaluation du nombre total de monuments patrimoniaux non protégés (295 800) n’est pas très loin de celle que l’on peut inférer de la base Mérimée qu’elle a d’ailleurs utilisée en la complétant avec des données issues du site collaboratif OpenStreetMap et de l’Observatoire du patrimoine religieux.
Quant à son évaluation des sites en état critique, elle ne fait que reprendre le taux constaté par les services de l’État pour les monuments protégés lors de la campagne 2019-2024. La Fondation prend bien soin et à raison d’expliquer que ce taux est sans doute sous-évalué, partant du principe que les monuments protégés sont en meilleur état que les autres. Reste que ce taux de 22,78 % qui regroupe les immeubles « en péril » (4,90 %) et les immeubles « en mauvais état » (17,88 %) repose sur une simple constatation visuelle portant avant tout sur le clos et le couvert. Il n’est procédé à aucun sondage ou démontage. Par ailleurs, les constats portent sur 81 % des monuments inscrits ou classés ; 1 026 MH n’ont jamais été inspectés depuis le début des campagnes en 2007.
Il revient donc à l’agent de la Direction régionale des affaires culturelles de définir si l’immeuble est en « bon état » (ne nécessitant que des travaux d’entretien), « état moyen » (nécessitant quelques travaux de restauration), « mauvais état » (nécessitant de lourds travaux de restauration) ou « en péril » (présentant un danger pour le bien ou les personnes).
Si les taux sont sensiblement les mêmes pour les quatre catégories par rapport à la précédente campagne, il ne faudrait pas en déduire que rien ne change. C’est ainsi que la situation de 2008 sites a été améliorée tandis que celle de 1 750 sites s’est détériorée.
Que retenir de ces chiffres qui masquent des situations régionales très contrastées, trop longues à résumer ici ? On retient d’abord que l’on dispose de chiffres d’ensemble ce qui permet de poser un diagnostic distancié sur le sujet. Ensuite que la situation n’est pas aussi critique que certaines déclarations alarmistes laissent croire. Si comme le fait la Fondation du Patrimoine, on peut appliquer les « taux sanitaires » relevés pour les monuments historiques à tous les sites patrimoniaux, alors plus de 77 % des immeubles patrimoniaux sont en bon ou moyen état. C’est plutôt encourageant. En revanche, ces diagnostics ne permettent pas d’évaluer les coûts des travaux qu’il faudrait réaliser pour mettre tout le parc en bon état. À tout le moins, il serait utile de constituer une base des sites en péril. C’est possible pour les 1 800 MH, plus difficile à constituer pour les 14 500 non MH.
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Près d’un quart des monuments sont en état critique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°662 du 3 octobre 2025, avec le titre suivant : Près d’un quart des monuments sont en état critique









