Mécénat - Musée

PORTRAIT

Pour le centenaire des « Amis du Musée Guimet », Géraldine Lenain voit grand

Par Olympe Lemut · Le Journal des Arts

Le 16 juin 2023 - 707 mots

La présidente de la Société des amis met sa connaissance du marché asiatique au service du Musée national des arts asiatiques.

Géraldine Lenain. © Astrid di Crollalanza
Géraldine Lenain.
© Astrid di Crollalanza

Paris. De son adolescence à Hongkong, Géraldine Lenain garde un amour particulier pour l’art asiatique, notamment chinois et japonais. Cette fille d’expatriés, née à Madagascar, a formé son goût en Asie et dit avoir « vu une peinture Ming avant de voir un Picasso ». C’est à Paris en 1988 qu’elle découvre l’art occidental, avant de s’inscrire en histoire de l’art à la Sorbonne en parallèle de ses études en école de commerce. Mais surtout elle fréquente assidûment le Musée Guimet, une institution encore endormie à l’époque, puisque sa grande restructuration commence en 1994. Dans ce musée, Géraldine Lenain retrouve une esthétique qui lui est familière ; elle y travaille comme « petite main » dans les collections et les réserves. Dès lors, tout son parcours est lié au musée. C’est cette connaissance intime du Musée national des arts asiatiques qui la pousse à demander à l’historienne Annick Fenet de se plonger dans les archives du musée et de la Société des amis du Musée Guimet (SAMG) pour un ouvrage dont la publication est prévue en juin 2023, à l’occasion du centenaire de la SAMG.

Devenue experte en art asiatique, Géraldine Lenain passe vingt ans entre la France, les États-Unis et l’Asie, en fonction des postes occupés par son époux diplomate. Témoin des bouleversements du marché de l’art en Asie à partir de 2000, elle met ses connaissances (et son réseau) au service de la SAMG et du musée. Après trois années au Cabinet Portier comme experte en art asiatique, elle part pour New York en 2000 chez Christie’s où elle est chargée de l’art japonais. À l’époque, l’art chinois se vend peu en dehors de Chine et c’est le Japon qui attire les collectionneurs.

Experte chez China Guardian

En 2003, à Pékin, Géraldine Lenain assiste au développement du marché de l’art chinois, entamée « en 2001 » selon elle, après la vente record d’un bronze archaïque fanglei. Elle devient la première spécialiste occidentale à travailler pour une maison de ventes chinoise (China Guardian), à un moment où « le marché de l’art en Chine continentale n’était pas ouvert aux maisons de ventes étrangères ». Sa maîtrise du mandarin lui ouvre des portes, ainsi que son aptitude à acquérir les codes du milieu de l’art chinois. Ses compétences lui permettent aujourd’hui de convaincre des mécènes chinois et asiatiques de soutenir le Musée Guimet pour certaines acquisitions.

Musée Guimet
Musée Guimet

En 2006, Géraldine Lenain entre chez Sotheby’s Paris pour créer le premier département Art d’Asie, ce qui l’amène fin 2007 aux Freer Sackler Galleries de Washington, un musée d’art asiatique qui fait partie de la Smithsonian Institution. En parallèle, elle travaille à la biographie de Ching Tsai Loo, un des plus grands marchands d’art chinois du début du XXe siècle, qui a approvisionné les principaux musées américains. Elle a accès à des archives inédites, entreposées dans une maison pagode située rue de Courcelles à Paris. Elle publie en 2013 Monsieur Loo aux éditions Philippe Picquier, et fait entrer ces archives au Musée Guimet quelques années plus tard. Mais c’est à Shanghaï chez Christie’s (2010-2015) que Géraldine Lenain prend la mesure des changements qui affectent le marché de l’art chinois. Elle dirige le département Céramique et objets d’art chinois, qui doit permettre à Christie’s de s’implanter durablement en Chine. Géraldine Lenain crée la catégorie « Design chinois contemporain », avec des ventes de pièces uniques commandées à des artisans. En 2013, grâce à ses efforts, Christie’s est la première maison de ventes étrangère à décrocher une licence pour vendre en Chine sans partenaire chinois.

Entrée au conseil d’administration de la Société des amis du Musée Guimet en 2017, Géraldine Lenain en devient la présidente en 2018. Selon elle, « le rôle de la SAMG est de contribuer à renforcer la visibilité du Musée Guimet à l’international » : elle décide de créer des « mini-SAMG » aux États-Unis et en Asie. Pour le centenaire de la SAMG, les plus belles acquisitions (dont une statue du Rajasthan du Xe siècle) seront exposées cet été au Musée Guimet. Géraldine Lenain veut en effet développer encore plus le soutien aux acquisitions : « La Société d’amis est un levier essentiel dans la levée de mécénat, notamment pour les acquisitions. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°613 du 9 juin 2023, avec le titre suivant : Pour le centenaire des « Amis du Musée Guimet », Géraldine Lenain voit grand

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