Monument

Nos dix coups de cœur pour les Journées européennes du patrimoine

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 29 août 2018 - 1216 mots

FRANCE

La Galerie dorée de l'Hôtel de Toulouse - Siège de la Banque de France
La Galerie dorée de l'Hôtel de Toulouse - Siège de la Banque de France
Photo Pascal Assailly / Jean-Derennes
© Banque de France

Lyon (69)
1- L’École nationale des finances publiques - Perché sur le rocher dominant la Saône à 40 m d’altitude, le fort Saint-Jean est un élément incontournable du paysage lyonnais. Ce bastion érigé au XVIe siècle est le dernier maillon de l’enceinte commanditée par Louis XII. Longtemps restée dans le giron de l’armée, cette fortification a notamment abrité une pharmacie régionale, puis un service vétérinaire. En 2001, le site a totalement changé de vocation en devenant propriété du ministère de l’Économie et des Finances. Il héberge aujourd’hui l’établissement chargé de la préparation aux concours de ce ministère et de la formation de ses agents. La visite de l’école permet de pénétrer dans ce monument emblématique d’ordinaire fermé au public.
21, montée de la Butte, Lyon (69).

Maubege (59)
2 - La salle Sthrau - Ce monument est un véritable miraculé de l’histoire. Son destin débute en 1624 avec la construction d’une chapelle baroque pour le collège jésuite. Durant la Révolution, elle est désacralisée et rebaptisée Sthrau, du nom du petit tambour alsacien héros de la bataille de Wattignies. Réutilisée comme écurie, puis comme salle de bal, elle abrite finalement un musée et une bibliothèque en 1914. Pratiquement détruit par les bombardements de la Grande Guerre, le bâtiment est transformé dans les Années folles en superbe salle des fêtes Art déco par Jean et Henri Lafitte. Après vingt ans de fermeture et un vaste chantier de restauration, ce monument historique hors du commun rouvre ses portes.
4, rue Georges-Paillot, Maubeuge (59).

Clermont-Ferrand (63)
3 - L’hôtel des États-Majors - Avis aux amateurs de militaria et d’histoire, l’hôtel des États-Majors de Clermont-Ferrand ouvre exceptionnellement ses portes. Toujours en activité, ce bâtiment constitue aujourd’hui le dernier vestige du riche passé militaire de la capitale du Puy-de-Dôme. Édifié au XIXe siècle, il est surtout connu pour avoir abrité le quartier général de De Lattre de Tassigny. Clou de la visite, son bureau rappelle que c’est d’ici qu’il commandait ses troupes. Le site accueille aujourd’hui une brigade d’aérocombat ainsi que la délégation militaire départementale. Son impressionnant escalier présente des souvenirs militaires et des œuvres racontant les temps forts des bataillons qui se sont succédés entre ces murs.
31, cours Sablon, Clermont-Ferrand (63).

Le-Mesnil-Saint-Denis (78)
4 - Le skit du Saint-Esprit - Dépaysement garanti dans les Yvelines. La commune du Mesnil-Saint-Denis abrite en effet un édifice totalement insolite : un lieu d’ermitage monastique russe orthodoxe, au milieu des bois. Ce skit, labellisé Patrimoine du XXe siècle, est même le plus ancien encore en activité. Il a été édifié en 1938 dans la plus pure tradition orthodoxe et comprend plusieurs éléments emblématiques, dont une coupole se terminant par une flèche en bulbe doré et un porche couvert de plusieurs bulbes bleus. Son décor intérieur est tout aussi caractéristique avec ses murs tapissés de fresques et d’icônes. Ces dernières sont l’œuvre du père Grégoire Krug, un fameux iconographe pétersbourgeois qui vécut ici pendant vingt ans.
7, avenue des Bruyères, Le Mesnil-Saint-Denis (78).

Rennes (35)
5 - La bibliothèque patrimoniale d’Agrocampus Ouest - L’Institut national des sciences agronomiques, agroalimentaires, horticoles et du paysage jouit d’un cadre exceptionnel. L’école est logée depuis 1896 dans un bel édifice conçu par l’architecte rennais Jean-Marie Laloy. Ce monument typique de la Belle Époque évoque les villas méridionales avec ses matériaux raffinés et ses palmiers. Ce bâtiment recèle un trésor insoupçonné : la plus belle et la plus ancienne bibliothèque de Rennes. Cette bibliothèque patrimoniale, l’une des plus riches de France dans ce secteur, conserve en effet 30 000 volumes dans de précieux rayonnages en chêne, surmontés d’une galerie desservie par un escalier en fer forgé. Cette pépite est d’ordinaire strictement réservée aux chercheurs.
65, rue de Saint-Brieuc, Rennes (35).

Prissé (71)
6 - La Solitude de Lamartine, Pavillon des Girondins, château de Monceau - Monument miniature, le Pavillon des Girondins est un lieu poétique et atypique. Ce petit pavillon permet en effet d’entrer dans l’univers intime d’Alphonse de Lamartine. En 1833, le célèbre homme de lettres hérite du domaine du château de Monceau, qui devient le quartier général de son action politique et un haut lieu culturel. De nombreuses personnalités du monde politique, mais aussi des artistes, comme Sand et Dumas, se retrouvent dans ce havre de paix. Monceau est aussi un lieu de méditation et d’écriture, et plus particulièrement le pavillon octogonal que Lamartine érige au milieu des vignes de son château. Un bureau à nul autre pareil où il écrit notamment L’Histoire des Girondins.

Marseille (13)
7 - La préfecture des Bouches-du-Rhône - Édifice à la composition théâtrale, l’hôtel préfectoral des Bouches-du-Rhône est emblématique de l’architecture spectaculaire du Second Empire. Ce vaste bâtiment, protégé au titre des monuments historiques, est l’un des fleurons de la grande vague de construction de bâtiments publics à Marseille voulue par Napoléon III pour redonner du lustre à la cité. Considéré comme l’un des plus beaux palais impériaux, l’hôtel s’inspire ouvertement du modèle haussmannien. Les façades sont par ailleurs parsemées de statues exécutées, notamment, par Lequesne, l’auteur de la célèbre Vierge de Notre-Dame-de-la-Garde, tandis que les appartements d’honneur ont conservé de prestigieux décors du second Empire.
Place Félix-Baret, Marseille (13).

Paris 1er
8 - La Banque de France - C’est un secret bien gardé : le siège parisien de la Banque de France recèle un précieux patrimoine mobilier et immobilier. Demeure princière enchâssée dans un ensemble architectural composite, l’hôtel de Toulouse, qui fête cette année son tricentenaire, abrite notamment la somptueuse Galerie dorée. Long de 40 m, ce chef-d’œuvre dessiné par Mansart et retravaillé par Robert de Cotte conserve de superbes boiseries en chêne doré aux formes chantournées typiques du style rocaille et d’impressionnants trophées rappelant les charges du comte de Toulouse, fils illégitime de Louis XIV. Son plafond peint est une copie de la fresque originelle de François Perrier, hélas disparue au XIXe siècle.
31, rue Croix des Petits Champs, Paris-1er.

Montval-sur-Loir (72)
9 - La Rotonde de Montabon - Les monuments en péril sélectionnés pour participer à la première édition du loto du patrimoine figurent en bonne place parmi les ouvertures exceptionnelles des JEP, a l’instar de la Rotonde de Montabon. Fleuron de l’architecture ferroviaire du XIXe siècle, la rotonde était un maillon essentiel de la ligne Paris-Bordeaux. Ce bâtiment semi-circulaire de 2 500 m2 comporte dix voies intérieures desservies par un pont tournant de 24 mètres. Tombé en désuétude après la nationalisation des compagnies de chemin de fer privées, ce site a conservé une configuration très proche de son état d’origine. Il a échappé in extremisà la destruction avant d’être racheté et protégé au titre des monuments historiques.
Montval-sur-Loir (72).

Perpignan (66)
10 - Le Centre de conservation et de restauration du patrimoine - Cas unique en France, le département des Pyrénées-Orientales s’est doté d’un centre de conservation et de restauration du patrimoine. Créée en 1998, cette structure a pour mission d’assurer la connaissance, la sauvegarde et la valorisation des biens culturels catalans. Il s’occupe essentiellement des milliers d’œuvres et d’objets d’art conservés dans les innombrables églises du département. Inaccessible au public, le centre ouvre exceptionnellement les portes de ses ateliers et de ses réserves pour faire découvrir la diversité du patrimoine pris en charge ici. Le visiteur pourra également se familiariser avec les techniques utilisées par ces experts au chevet des œuvres d’art.
74, avenue Paul-Alduy, Perpignan (66).

informations

Les Journées européennes du patrimoine se dérouleront du 15 au 16 septembre 2018

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°715 du 1 septembre 2018, avec le titre suivant : Nos dix coups de cœur pour les Journées européennes du patrimoine

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