À la tête du Centre des monuments nationaux, Marie Lavandier présente ses projets pour continuer à ouvrir au public et conserver ce patrimoine français souvent en péril.
Il a fallu mener un certain nombre de grands chantiers déjà engagés, comme l’ouverture de la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts, le tour complet des remparts de Carcassonne ou plusieurs projets au Mont-Saint-Michel. Mais j’ai aussi tenu à aller à la rencontre des 1 500 agents du CMN et lancer la démarche CMN 2030 à travers une consultation inédite pour actualiser le projet stratégique de l’établissement au cours de laquelle plus de 1 000 propositions ont été recueillies. Cela a permis d’affiner les grandes orientations qui me tiennent à cœur : l’écologie, la participation des habitants à la vie des monuments, et le récit qu’on fait de ces lieux.
L’ambition est d’inscrire le CMN au cœur des enjeux de notre époque comme du futur. Si nous sommes chargés de l’ouverture de ces monuments au public, nous devons aussi veiller à leur conservation, dans un contexte parfois de surfréquentation auquel nous devons nous adapter. Veiller à l’entretien régulier des monuments permettra de les transmettre aux générations futures sans avoir à recourir à de grands chantiers de restauration. Il est aussi essentiel d’impliquer davantage les habitants dans la vie des monuments : c’est souvent grâce à ceux qui veillaient sur les sites et les entretenaient qu’ils nous ont été transmis.
Il faut ancrer les monuments dans les territoires. Pour cela, nous devons réfléchir à de nouveaux usages tout en mobilisant les habitants à travers des spectacles participatifs, la rédaction de certains cartels de médiation et par la participation, parfois, à leur entretien. C’est notre patrimoine commun et c’est de notre responsabilité collective au regard du contexte budgétaire actuel. Je pense aussi à des chantiers participatifs ou d’insertion qui peuvent redonner une place à des publics et des professionnels différents. Au château de Chareil-Cintrat, dans l’Allier, nous avons par exemple noué un accord avec une association de vignerons et créé un poste pour recruter une personne qui s’occupe de la promotion du vignoble tout en accueillant le public.
Il ne s’agira pas d’une transposition littérale du modèle britannique, qui est une grande machine comptant 5 millions d’adhérents et 60 000 bénévoles. Nous pourrons cependant nous en inspirer, d’une part pour impliquer les habitants et développer des réseaux de bénévoles, de l’autre pour apporter des réponses techniques, financières ou réglementaires aux propriétaires démunis, qui ont besoin de soutien pour conserver un monument dont ils ont la charge, et aussi associer d’autres sites à notre réseau, alors qu’un quart du patrimoine français est en péril.
C’est la date de la création du CMN. Financé par l’État, il conserve et gère plus de 100 monuments, de la Préhistoire au XXe siècle, dont 19 inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
Plus de 11 millions
C’est le nombre de visiteurs des monuments du CMN en 2024, pour la 2e année consécutive, malgré les JO 2024 de Paris – soit une augmentation d’un quart en dix ans.
230 M€
C’est le budget annuel du CMN, avec un taux d’autonomie financière de 70 %. En septembre 2024, un rapport du Sénat relève que ses dépenses ont plus que doublé en dix ans, dans un contexte de grands chantiers coûteux.
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Marie Lavandier : « Impliquer plus les habitants dans la vie des monuments »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°784 du 1 avril 2025, avec le titre suivant : Présidente du Centre des monuments nationaux (CMN) : Marie Lavandier : « Impliquer plus les habitants dans la vie des monuments »