Patrimoine

« Louise-Catherine » bientôt sauvée des eaux

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 15 mai 2019 - 582 mots

PARIS

La péniche réaménagée par Le Corbusier, qui avait coulé en 2018 dans la Seine, devrait être prochainement renflouée grâce à des financements japonais.

La péniche Louise-Catherine en avril 2019. © Photo Margot Boutges pour Le Journal des Arts
La péniche Louise-Catherine en avril 2019.
© Photo Margot Boutges pour Le Journal des Arts

Paris. La péniche Louise-Catherine s’apprête à être remise à flot. En février 2018, la coque en ciment armé de ce bateau avait été déchirée lors d’une manipulation destinée à repositionner le bateau que la crue de la Seine avait déplacé. Aussitôt ce navire, classé monument historique (au titre d’objet) pour avoir été réaménagé par Le Corbusier, avait coulé. Depuis, l’épave amarrée quai d’Austerlitz est restée au fond du fleuve, offrant aux promeneurs le spectacle désolé de ses parties hautes plus ou moins immergées selon la baisse ou la montée des eaux. Pour l’architecte Michel Cantal-Dupart, l’heure du renflouement se profile enfin. Aucun calendrier n’a encore été arrêté mais le président de l’association de propriétaires de la péniche estime que le navire pourra être remonté à la surface cet été. « Le niveau de la Seine est actuellement assez bas pour que les manœuvres ne soient pas périlleuses, explique-t-il. Et des fonds ont été trouvés au Japon. » C’est en effet par l’entremise de l’architecte japonais Shuhei Endo, qui avait conçu en 2008 le projet (non réalisé) d’une enveloppe temporaire pour entourer la péniche, que plus de un million d’euros ont pu être réunis par l’International House of Japan. Alimentée par des dons, cette organisation privée d’intérêt public, qui soutient les échanges culturels et les coopérations intellectuelles entre le Japon et des pays étrangers, est installée dans un bâtiment construit par Kunio Maekawa, architecte qui travailla sous la direction de Le Corbusier sur le chantier de la péniche. Ces fonds devront permettre de reboucher la fissure de la coque, de pomper l’eau afin que la péniche remonte à la surface puis de reprendre à zéro (en réparant les dégâts engendrés par le naufrage) un chantier de réhabilitation qui avait été lancé avant que le bateau ne sombre.

Une réhabilitation à reprendre

Car le chaland était en effet en pleins travaux au moment de l’accident. Cette barge de 70 mètres de long, qui a été construite en 1917 pour transporter du charbon avant d’être réaménagée en 1929 et 1930 par Le Corbusier pour en faire un refuge flottant pour l’Armée du Salut, était extrêmement délabrée. Fermée par un arrêté municipal en 1994, la péniche avait été abandonnée aux squatteurs et au vandalisme. Ses propriétaires actuels – un groupe d’amis qui ont acquis le bateau en 2006 – ont caressé l’idée d’en faire un lieu culturel ouvert au public et de la restituer en partie dans son état datant de Le Corbusier, notamment en reconstituant certains espaces de dortoirs qui accueillaient les nécessiteux. En effet, si diverses transformations au cours de son histoire ont fait perdre à la péniche son mobilier, « l’organisation intérieure scandée par des poteaux en métal demeure », explique Bénédicte Gandini, architecte pour la Fondation Le Corbusier, titulaire du droit moral attaché à l’œuvre de Le Corbusier. Les premières phases de travaux, subventionnées par la direction régionale des Affaires culturelles d’Île-de-France, avaient été effectuées. Ainsi la réfaction des menuiseries des fenêtres avait été achevée. Ruinés, ces éléments devront être entièrement refaits une fois la péniche sortie de l’eau. L’association de propriétaires envisage toujours d’installer sur la péniche un espace mémoriel, témoignant de l’histoire du lieu, ainsi qu’un espace d’expositions et d’événements. Le Japon est en bonne place dans la future programmation. Shuhei Endo a obtenu que la péniche réhabilitée accueille des manifestations franco-japonaises un mois par an, en remerciement du généreux financement.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°523 du 10 mai 2019, avec le titre suivant : « Louise-Catherine » bientôt sauvée des eaux

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