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L’IMA tente de créer un "Musée des musées arabes"

Deux pays fondateurs participent au projet

Par Jérôme Bernard · Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1995 - 645 mots

Le 16 octobre, l’IMA inaugure un "Musée des musées arabes" avec 180 œuvres prêtées, pour la première fois dans ce cadre, par la Syrie et la Tunisie. Mais ce projet a encore besoin de convaincre d’autres pays fondateurs.

PARIS - L’Institut du Monde Arabe accueille pour la première fois ce mois-ci, dans ses salles d’exposition permanente, des œuvres prêtées par des pays membres fondateurs. Pour l’instant, deux pays seulement, la Syrie et la Tunisie, ont accepté de participer à ce "Musée des musées arabes" et de prêter pendant trois ans plusieurs œuvres tirées des réserves de leurs musées nationaux : les musées de Carthage et du Bardo, en Tunisie, et ceux de Damas et de Suweida dans le Hauran, en Syrie.

L’IMA présentera 50 œuvres venues de Syrie, des sculptures et des fragments d’architecture de grand format, et 130 de Tunisie, avec de nombreux objets en céramique et  des mosaïques... Ces 180 pièces des périodes préislamique et islamique seront intégrées aux collections permanentes de l’Institut.

L’am­bitieux projet de "Musée des musées arabes" accouche donc pour l’instant d’une souris. Il reflète le peu d’intérêt que les pays fondateurs portent à l’Institut du Monde Arabe. Nombre d’entre eux ne payent pas leurs cotisations, ou bien avec beaucoup de retard.

Une expérience
La première étape du "Musée des musées" a coûté moins d’un million de francs. L’IMA reste prudent, et la modification de la scénographie en est au stade des intentions."Ce projet rompt avec la tradition des musées de présenter des collections permanentes. Pour l’instant, nous le considérons comme une expérience, et nous attendons de voir la réaction du public et des pays partenaires pour définir la formule finale", précise Catherine Vaudour, conservateur en chef depuis quelques mois du musée de l’IMA, après avoir dirigé le Musée de la Céramique et le Musée de la Ferronnerie à Rouen.

Les prêts de trois ans sont reconductibles et ménagent la possibilité d’un remplacement partiel des objets. Les collections pourront ainsi être renouvelées régulièrement en relation avec les découvertes archéologiques récentes.

Le Yémen devrait être le prochain pays à prêter des objets, et d’autres pays fondateurs de l’IMA se sont montrés intéressés : la Jordanie, le Maroc, le Soudan, par exemple. Il n’est pas toujours facile de les convaincre, car ceux-ci préfèrent la réalisation d’une exposition prestigieuse sur l’histoire de leur culture nationale. Pendant un an et demi, Hana Chidiac, chargée d’études épigraphiques à l’IMA, a sélectioné les pièces en Syrie et en Tunisie.

Les œuvres venues de Syrie sont entreposées dans les réserves depuis un an, et celles de Tunisie sont arrivées en janvier dernier. La lourdeur de la gestion de l’Institut explique le retard de l’inauguration.

Ces nouvelles pièces remplaceront en partie des objets prêtés à l’IMA depuis cinq ans par le Louvre, soit une soixantaine d’œuvres du Maghreb et du Machrek qui ont retraversé la Seine en août.

Un thème ethnographique
L’Institut du Monde arabe veut orienter son musée autour d’un thème ethnographique, notamment depuis la multiplication des surfaces consacrées aux antiquités orientales et aux collections islamiques dans l’aile Richelieu du Musée du Louvre. En 1987, au moment de l’ouverture de l’IMA, l’idée avait été lancée d’y créer un musée à partir des collections islamiques du Louvre. Celui-ci avait alors prêté temporairement 300 objets.

Finalement, le projet a échoué et le Louvre a récupéré ses objets. "Nous ne voulons pas faire le Louvre en plus petit, mais nous cherchons à être complémentaire en ayant le souci d’expliquer l’histoire de la civilisation arabe", déclare Catherine Vaudour.

Pour remercier la Syrie et la Tunisie, l’Institut du Monde arabe restaure certaines œuvres prêtées et s’engage à publier un catalogue. Avec le "Musée des musées arabes", l’IMA tente d’instaurer une véritable collaboration avec les pays arabes.

INSTITUT DU MONDE ARABE, 1 rue des Fossés-Saint-Bernard, 75005 Paris. Tél : 40 51 38 38. Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 10h à 18h.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°18 du 1 octobre 1995, avec le titre suivant : L’IMA tente de créer un "Musée des musées arabes"

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