Archéologie

Les premières momies dateraient de 12 000 ans en Asie

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 23 septembre 2025 - 434 mots

Des analyses scientifiques montrent que bien avant l’Égypte et l’Amérique du Sud, des groupes humains en Asie pratiquaient la momification par fumage.

Jusqu’à récemment, les archéologues considéraient que les plus anciennes momies provenaient d’Amérique du Sud. Mais une étude internationale pilotée par l’Université nationale d’Australie (ANU), publiée le 15 septembre 2025 dans la revue PNAS, révèle que des sépultures momifiées découvertes en Asie du Sud-Est contiennent des ossements vieux de 12 000 ans.

L’étude porte sur 54 sépultures issues de 11 sites archéologiques situés en Chine, Thaïlande, Philippines, Vietnam, et Indonésie et Laos. Elle met en évidence une technique de momification pratiquée par des groupes de chasseurs-cueilleurs : la momification par fumage. Le corps était placé en position accroupie puis exposé à la fumée d’un feu pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, afin de le dessécher et le préserver.

Pour démontrer cette pratique invisible à l’œil nu, les chercheurs ont utilisé des analyses permettant de détecter les traces de fumée et de brûlures. Dans 84 % des échantillons, des indices d’exposition à la chaleur ont été relevés. Des datations au carbone ont permis d’établir que certaines de ces momies remontent à plus de 12 000 ans. Selon Peter Bellwood, co-auteur de l’étude, « ce type de séchage par fumée est, jusqu’à présent, la méthode la plus ancienne démontrée de préservation intentionnelle des cadavres dont nous disposons dans le monde ».

Une comparaison avec des sépultures découvertes à Broadbeech, dans le Queensland, dans les années 1960, a conduit la chercheuse, Hsiao-chun Hung, à conclure : « Nos découvertes établissent un lien entre les anciennes populations de chasseurs-cueilleurs d’Asie du Sud-Est et les communautés autochtones plus modernes de Nouvelle-Guinée et d’Australie. » Ces traditions auraient donc été connues et pratiquées sur un vaste territoire, de l’Asie du Nord-Est à l’Océanie occidentale, certaines étant encore attestées à l’époque des premiers contacts avec les Européens.

Cette pratique symbolique visait à maintenir une continuité entre vivants et morts. Comme l’explique Hirofumi Matsumura, « cette tradition permettait aux communautés de conserver un lien physique et spirituel avec leurs ancêtres », le défunt restant présent dans le village pendant la période de fumage, puis placé dans un abri près d’un feu entretenu quotidiennement.

Certaines critiques ont toutefois été émises, notamment par Rita Peyroteo Stjerna, spécialiste de l’évolution humaine à l’université d’Uppsala, qui juge les méthodes de datation encore insuffisamment robustes.

Jusqu’ici, les momies les plus anciennes connues étaient donc celles de la culture Chinchorro au Chili, datées de 7 000 ans. Cette technique, différente, consistait à retirer les organes, remplir le corps de végétaux puis laisser sécher la momie pendant un mois, soit 2 500 ans avant les premières momifications égyptiennes par embaumement.

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