Musée

Les nouvelles ambitions de l’IMA pour son musée

Par Olympe Lemut · Le Journal des Arts

Le 16 février 2023 - 754 mots

PARIS

L’Institut du monde arabe a annoncé un projet de rénovation pour ce musée tourné vers les arts et les civilisations arabes et encore méconnu du grand public.

Paris. L’annonce officielle, le 2 février par Jack Lang, président  de l’Institut du monde arabe (IMA), donne le ton : le futur musée se voit qualifié de « plus grand musée d’art arabe moderne et contemporain du monde occidental », voire « du monde ». Mais l’IMA, au fonctionnement complexe, peut-il concrétiser un projet aussi ambitieux en à peine trois ans ? Car c’est la durée évaluée par Nathalie Bondil, directrice du musée et des expositions : « Nous prévoyons les travaux jusqu’à fin 2025 ou début 2026 », affirme celle qui a donné l’impulsion de ce projet dès son arrivée à l’IMA, en avril 2021.

L’énergie de Nathalie Bondil et la donation Claude et France Lemand ont revitalisé l’IMA dont le musée s’étiolait, malgré le label « Musée de France » obtenu en 2011. Situé au cœur du bâtiment signé Jean Nouvel, ce musée n’a jamais trouvé son identité, oscillant entre des vitrines d’artefacts antiques et des accrochages d’œuvres d’art moderne. Nathalie Bondil confirme que, malgré le « relooking » de 2012, ce musée reste « un musée d’anthropologie historique, avec beaucoup de pièces en dépôt provenant d’autres musées pour les périodes anciennes ».

Le projet crée une nouvelle identité, grâce à une collection d’art moderne et contemporain assez unique en son genre. La directrice rappelle que les collections comptent 2 377 œuvres (les 4 545 photographies étant comptabilisées à part) dont 1 677 de la donation Lemand et plusieurs chefs-d’œuvre du modernisme arabe : ces collections situent l’IMA à la troisième place derrière le Mathaf à Doha (Qatar) et la Fondation Barjeel à Sharjah (Émirats arabes unis). Le projet s’apparente donc à un défi, d’autant qu’il n’existe pas de musée équivalent en Belgique ou en Grande-Bretagne : Nathalie Bondil souligne n’avoir pas trouvé de modèle européen pour le futur musée. Un projet moins ambitieux avait été annoncé fin 2018 mais il n’était pas financé. Par la suite le Covid-19 a signé son abandon.

Aménagement des espaces, scénographie, inventaire…
Le projet consiste à rénover intégralement la scénographie et les espaces d’exposition, faire l’inventaire complet des collections et trouver une solution pour les réserves. Six millions d’euros ont été accordés par le ministère de la Culture « grâce au soutien de Jean Castex [alors Premier ministre] et du président Macron », précise Jack Lang. La tutelle de l’IMA est le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, mais l’Institut doit sans cesse chercher des financements extérieurs… Revoir l’aménagement du musée devenait une priorité selon Nathalie Bondil, car « dans certaines salles on a opacifié les vitres qui donnent sur la Seine, ce qui a ôté la transparence voulue à l’origine par Jean Nouvel, et les salles annexes n’ont pas vraiment été aménagées ». Le musée dispose en effet d’espaces exceptionnels mais difficiles à exploiter dans un même parcours : deux plateaux de 655 m2 où le plafond culmine à près de 6 m alternent avec des galeries étroites et aveugles de 150 m2 au plafond bas. Le projet prévoit de consacrer les petites galeries à des « focus thématiques », comme les religions monothéistes, tandis que les deux plateaux dérouleront l’histoire des empires arabes et celle du XXe siècle. 

Nathalie Bondil. © Richard Max Tremblay
Nathalie Bondil.
© Richard Max Tremblay

L’ensemble du parcours avoisinera les 2 000 mètres carrés sur quatre niveaux, avec des vues sur la Seine et sur Notre-Dame-de-Paris. Le musée devrait correspondre à un « musée d’arts et de civilisations », précise Nathalie Bondil. Il s’agira d’utiliser les œuvres des collections pour construire un parcours chronologique depuis l’Antiquité, en montrant par exemple « une sculpture de l’Irakien Dia Al-Azzawi pour enrichir la partie sur la Mésopotamie ». « Nous mettons en valeur les réinterprétations du patrimoine ancien par les artistes arabes », ajoute Nathalie Bondil. Le pétrole, les sciences arabes et la laïcité feront l’objet de focus, tandis que l’histoire du monde arabe de 622 à 1918 sera abordée dans les espaces d’une seule galerie : des choix devront donc être faits. Concernant les publics, Nathalie Bondil et Jack Lang insistent sur la priorité donnée à la jeunesse, puisque « 50 % des visites du musée sont des jeunes » (dont beaucoup de scolaires). Côté logistique enfin, le musée devrait fermer pendant un an, estime la directrice, qui précise ne pas avoir de durée définie en tête « tant que le cahier des charges n’a pas été validé pour l’appel d’offres ». Celui-ci aura lieu à l’automne 2023, en accord avec Jean Nouvel. Pour la suite, Nathalie Bondil évoque l’extension du musée dans le patio central de l’IMA mais avec de nouvelles sources de financement, en faisant appel au mécénat et aux pays arabes. C’est donc une mue profonde qui s’engage pour le musée.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°605 du 17 février 2023, avec le titre suivant : Les nouvelles ambitions de l’IMA pour son musée

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