Les chercheurs réintègrent le Musée de l’Homme

PARIS - Le 18 novembre, dans le chantier encore poussiéreux de l’aile ouest du Palais de Chaillot, Ségolène Royal et Geneviève Fioraso ont suivi d’un pas enlevé l’architecte Olivier Brochet et le directeur général du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), Thomas Grenon, à la découverte des derniers progrès du chantier de rénovation du Musée de l’Homme. Si le musée, l’un des douze sites du Muséum d’histoire naturelle à travers la France, est placé sous la double tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de celui de l’Écologie et du Développement durable, seul le premier a contribué à financer les 92 millions d’euros du coût global de la rénovation.
Le Musée de l’Homme, forcé de repenser intégralement son projet scientifique et culturel depuis le transfert de quelque 300 000 pièces de ses collections non occidentales au Musée du quai Branly, organise désormais ses recherches et ses espaces permanents autour de trois grands axes : « Qui sommes-nous ? », « D’où venons-nous ? », « Où allons-nous ? ». Il n’en fallait pas moins à Ségolène Royal pour souhaiter voir s’inscrire la réflexion sur le développement durable dans les activités du musée. Dans son discours, celle-ci a d’ailleurs mis un point d’honneur à relier l’institution aux grands défis de son ministère, telle la conférence mondiale « Climat 2015 » programmée en décembre, dans la foulée de l’inauguration du musée.

Offrir « des points de repère sur les problèmes de société »
Mais le motif de cette visite officielle est avant tout la fin du chantier des laboratoires et bureaux des quelque 150 chercheurs qui ont pu, au terme de plus de cinq ans de travaux, « regagner leurs pénates » dès la fin du mois de novembre dernier. L’attente a été longue tant le projet de rénovation lancé en 2002 a accumulé les revers : problèmes rencontrés dans la structure du bâtiment, budget prévisionnel quasiment multiplié par deux, absence de financements…

Pour Thomas Grenon, à la tête du MNMH depuis 2010, il était essentiel de revenir à la notion première de « musée-laboratoire » conçue par l’ethnologue Paul Rivet, créateur de l’institution dans les années 1930. D’après le directeur général, les chercheurs, préhistoriens, anthropologues, ethnologues et généticiens ont désormais pour tâche de s’affronter aux idéologies, en offrant « un peu de raison, des faits et des vérités scientifiques indéniables, des points de repère sur les problèmes de société ». Avec une série inaugurale d’expositions temporaires qui aborderont la race et le racisme, le sexe et le genre, la nuptialité ou encore la mort, la programmation souligne la volonté du musée de prendre part aux débats de société.

Déployés dans le pavillon de tête et le corps central du Palais de Chaillot sur 5 000 mètres carrés, soit le double de la surface des espaces muséographiques, les espaces dévolus à la recherche et à l’enseignement bénéficient d’équipements de haute technologie – le Centre de recherche sur l’évolution humaine pourra notamment réaliser des analyses génétiques archéologiques ou acquérir des données 3D.

Une nouvelle bibliothèque de recherche (riche de 65 000 volumes) sera mise à disposition des étudiants et des professionnels en formation continue, qui fréquenteront le musée et ses laboratoires dans le cadre de l’école doctorale et du master du MNMH, mais aussi d’un enseignement en muséologie. Dotés de cette nouvelle et confortable plateforme technique, les chercheurs ne manqueront pourtant pas de se tourner vers l’extérieur. Les occasions de collaboration avec les équipes du jardin des Plantes et de l’Institut de paléontologie humaine seront fréquentes. Et, sur le plan international, le Musée de l’Homme entend bien faire briller son titre de seul musée au monde axé sur l’histoire de l’humanité. Rendez-vous à l’automne 2015.