Nevers

Le réveil du Musée de la faïence

Le Journal des Arts

Le 26 mars 2013 - 706 mots

Après un long sommeil de dix ans, le Musée de la faïence de Nevers s’apprête à rouvrir fin septembre avec une superficie multipliée par trois et une séduisante collection.

NEVERS -  Le chantier n’est pas encore livré, mais cela ne saurait tarder. Le Musée de la faïence-Frédéric Blandin, à Nevers, devrait rouvrir ses portes à l’automne prochain, fin septembre, soit près de dix ans après sa fermeture au public, en septembre 2003. Depuis 1975, le musée est situé dans l’Hôtel Roussighnol, un ancien hôtel particulier construit au XIXe siècle sur l’emplacement d’une abbaye bénédictine du XIIIe siècle, dont de nombreux vestiges sont conservés, y compris une très belle salle capitulaire à chapiteaux. Entre les espaces d’expositions, les réserves et l’administration, le musée municipal se déployait alors sur une petite superficie, tout juste 750 m2. Le principal objectif des travaux a été d’agrandir la superficie du musée en homogénéisant les espaces anciens, en réhabilitant des bâtiments existants acquis par la ville depuis les années 1970 et en construisant des parties modernes, en bois, ardoise et verre, pour créer un espace d’accueil. « C’est un gros chantier en terme d’investissement », explique Françoise Reginster, directrice et conservatrice du musée depuis 1995, « pour retrouver l’image que le musée avait dans l’entre-deux-guerres ».

De nombreuses déconvenues
L’investissement est de taille pour une ville qui compte tout au plus 40 000 habitants : l’enveloppe globale des travaux est chiffrée à l’origine à près de 6 millions d’euros, un montant qui a enflé au rythme des retards pris par le chantier. Entre 2004 et 2007, des appels d’offres infructueux et des hésitations sur le projet architectural ont freiné l’ouverture du chantier, officiellement lancé en 2008. Autre coup dur, en mars 2011, un incendie se déclare dans l’extension moderne de l’accueil, reportant encore d’un an la fin des travaux… La ville joue de malchance en annonçant plusieurs fois des dates d’ouverture, toujours reportées. Surtout, en 2008, l’État diminue ses financements et se désengage partiellement du projet : « Nous avons eu une chance inouïe avec l’intervention de Marie-Christine Labourdette, directrice des Musées de France, ancienne directrice de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) Bourgogne, qui a soutenu le projet » au niveau européen, souligne la directrice du musée. Aujourd’hui les travaux s’élèvent à 10 millions d’euros, subventionnés très largement par la Ville, puis par le Fonds européen de développement régional (Feder), le département de la Nièvre, la région Bourgogne et l’État. Au final, le nouveau musée se déploiera sur 2 100 m2, accueillant sur trois niveaux treize salles d’exposition permanente autour des trois noyaux principaux des collections du musée. La faïence de Nevers, bien sûr, illustrée par 1950 pièces couvrant la période du XVIe siècle au XXe siècle.

Une collection parée des plus belles pièces
Grâce à un dépôt du Musée du Louvre en 1998, le musée bénéficie également d’une collection unique en Europe, 272 pièces de verres émaillés, dits « verres filés », une spécificité artisanale de Nevers entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. Comme beaucoup de musées municipaux, la collection de Beaux-arts offre un panorama synthétique de l’histoire de l’art et des artistes locaux. En 1936, le don de la collection Bossuat permet au musée d’acquérir quelques grands noms de l’École de Montparnasse : Modigliani, Vlaminck, Dufy, Kisling et Picabia. C’est au sein de cette collection qu’une toile de Picabia, La rivière, volée en 1974, a été retrouvée lors d’une vente chez Sotheby’s en septembre 2012 : une bonne nouvelle pour le musée, qui en manquait quelque peu. Avec un jardin clos réhabilité, qui permettra d’exposer des sculptures contemporaines, et une salle d’exposition temporaire, l’offre du musée s’annonce séduisante. Annoncée en début d’année pour juin, l’ouverture a été différée en septembre « pour parfaire une scénographie sur mesure, notamment pour les verres émaillés, très complexes à présenter », explique Françoise Reginster. Les Neversois pourront alors redécouvrir les œuvres du musée, enrichis pendant les travaux par des acquisitions récentes. Doté d’un budget d’acquisition annuel de 30 000 euros, l’institution a acquis l’année dernière une toile de Jongkind représentant la rue Saint-Genest à Nevers où est situé le musée : tout un symbole pour la mairie, qui compte sur le musée pour asseoir une offre culturelle « d’importance nationale ».

Légende photo

Le musée de la faïence, Nevers, vue du bas-côté extérieur. © Musée de la faïence Frédéric Blandin, Nevers.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°388 du 29 mars 2013, avec le titre suivant : Le réveil du Musée de la faïence

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