Jouissant d’une importance symbolique et de possibilités de développement, le site de l’abbaye de Port-Royal n’est pas valorisé à sa juste mesure.

Port-Royal des Champs. Les lieux devaient être inaugurés début juillet par Rachida Dati avant que la ministre de la Culture ne reporte d’une manière inopinée sa venue en septembre. Une inélégance de plus à l’égard du plus petit des musées nationaux, géré en service à compétence nationale (SCN). S’il est vrai que l’État a financé les travaux depuis 2007, il rechigne à doter le musée des moyens humains et financiers nécessaires à l’accroissement de sa notoriété et au dépassement d’une fréquentation annuelle qui plafonne à 20 000 visiteurs. Les handicaps sont nombreux : les deux sites de l’abbaye et des Granges sont éloignés l’un de l’autre, et séparés par un terrain communal empêchant une continuité territoriale. Plus problématique, ils se trouvent, à 8 km du terminus du RER, mal desservis par les transports publics. Un groupement d’intérêt public (GIP) réunissant les différentes collectivités locales a bien été créé en 2007, mais les partenaires se montrent réticents à contribuer financièrement.
Le Département des Yvelines et sa vice-présidente de l’époque Christine Boutin (!) avaient caressé l’espoir de mettre la main sur le site de l’abbaye avant que celui-ci ne soit cédé par la Société de Port-Royal à l’État en 2004. Depuis, le Département s’en désintéresse. Interrogé par le Journal des Arts, Bertrand Houillon, le maire (divers gauche) de Magny-les-Hameaux – commune sur laquelle se situe Port-Royal –, reconnaît « que c’est un joyau » et aime à souligner que de nombreuses pierres tombales du site ont été rapportées dans l’église. Mais en dehors de la signalétique et d’une mise à disposition des services de la mairie pour certains événements, la commune ne peut pas financer la communication du site, et encore moins mobiliser du personnel pour gérer l’accueil, arguant de la baisse de dotation de l’État. Le ministère se retrouve ainsi seul à porter à bout de bras un musée alors que les collectivités locales disposent d’un monument historique classé, situé dans un parc naturel régional traversé par de nombreux randonneurs.
« On a l’impression d’une succession d’élans depuis vingt-cinq ans, élans qui retombent aussitôt après », se désole Bernard Gazier, le président de la Société de Port-Royal qui assure depuis plusieurs années l’intérim de la présidence du GIP. Et pourtant, le site revêt une importance symbolique considérable (le jansénisme a marqué l’histoire de France et son esprit perdure encore aujourd’hui) et dispose d’un réel potentiel de développement tant en matière de fréquentation que sur le plan institutionnel, avec la possibilité de devenir un centre culturel de rencontre grâce à ses nombreux bâtiments disponibles.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le potentiel inexploité de Port-Royal
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°659 du 4 juillet 2025, avec le titre suivant : Un potentiel inexploité









