BOURGES
Fermé depuis 2021, le musée de Bourges présente un parcours plus fluide dans des intérieurs d’époque.
Bourges (Cher). Situé dans l’ancien hôtel de ville qui date de 1492, le Musée Estève n’avait pas été repensé depuis son ouverture en 1987 comme le précise sa directrice adjointe Anna Moirin. L’essentiel des collections vient de la donation du peintre Maurice Estève (1904-2001) à la ville de Bourges, et de quelques acquisitions plus récentes. Il était donc nécessaire de rénover le bâtiment et de repenser le parcours et la scénographie : comment présenter des œuvres abstraites et colorées dans des salles du XVe siècle à décors sculptés ?
La rénovation partielle (pour un montant de 470 000 euros) a conservé les éléments d’époque (cheminée monumentale, poutres, huisseries, tomettes au sol) et intégré discrètement les mises aux normes (électricité). L’entrée et les espaces dédiés à la médiation ont été modifiés pour plus d’accessibilité, « une condition posée par le couple Estève dès la création du musée », selon Anna Moirin. Si la majorité du parcours se tient dans les salles du XVe siècle, deux grandes salles du XVIIe siècle à l’étage offrent des espaces rénovés aux murs blancs, plus faciles à scénographier.
Dans la scénographie confiée à Vasken Yéghiayan, les œuvres cohabitent avec les murs sombres du bâtiment, apportant de larges touches de couleur : Estève a en effet rapidement choisi une palette de couleurs vives, sous l’influence de Matisse et Calder comme le rappelle Florent Allemand, chef du service de conservation et des collections de la ville de Bourges. Le parcours chronologique montre à la fois les toiles abstraites qui ont fait le succès d’Estève à partir des années 1950 et des œuvres de petit format plus confidentielles.

Dans l’ensemble, la circulation est fluide car les toiles sont accrochées sur les côtés ou sur des cimaises amovibles placées dans l’axe principal des salles. Ces cimaises deviennent modules lorsque les cartels très détaillés sont présentés à l’horizontale devant les œuvres, sur des supports« à hauteur des PMR ». Dans chaque salle, quelques grandes toiles sont présentées sur des supports métalliques noirs « en forme de chevalet, qui dialoguent avec les pierres des murs comme le souhaitait Estève », rappelle Florent Allemand. Un léger problème de luminosité parasite cependant la visite à certaines heures malgré des volets intérieurs, « en raison de l’orientation des fenêtres au sud », concède Florent Allemand, qui ajoute qu’une réflexion est en cours sur la question. Dans les salles du XVIIe siècle, la luminosité est bien gérée et met en valeur une grande tapisserie des années 1970 ainsi que plusieurs œuvres graphiques qui donnent à voir un autre aspect de l’œuvre de l’artiste.
Le parcours met donc en valeur les œuvres des collections, d’autant que plusieurs d’entre elles ont été restaurées pendant la fermeture du musée. La restauration a permis de retrouver « la subtilité des couleurs » et de révéler la technique de peinture d’Estève qui jouait volontiers des superpositions. « Estève peignait très lentement et en plusieurs couches », ce que les grandes toiles exposées montrent bien. La refonte du parcours et la rénovation de salles ne sont que la première étape d’un projet ambitieux qui comprend la restauration complète du bâtiment, notamment les toitures et les façades pour lesquelles un diagnostic sera réalisé prochainement. En outre, le projet comprend de nouvelles réserves mutualisées et un chantier des collections d’arts graphiques.
Le Musée Estève est le premier des musées de Bourges à rouvrir, car les trois autres musées municipaux sont fermés depuis 2021 et 2023 pour des raisons de vétusté ou de risques divers. Dans la perspective de Bourges capitale européenne 2028, les travaux de rénovation devraient accélérer selon la municipalité, d’autant que certains musées pourraient changer d’identité : l’ancien Musée des arts décoratifs deviendra un centre d’interprétation du patrimoine tandis que le Musée du Berry (histoire et archéologie) fait l’objet d’une réflexion pour l’instant non aboutie.

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Le Musée Estève rouvre avec un nouveau parcours
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°660 du 5 septembre 2025, avec le titre suivant : Le musée Estève rouvre avec un nouveau parcours







