Le Guggenheim de Gehry

Les mécènes se font attendre à Bilbao

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 18 avril 1997 - 449 mots

À quelques mois de son inauguration l’été prochain, les volumes du Musée Guggenheim de Bilbao, conçu par l’architecte californien Frank O. Gehry, se dressent déjà sur les bords du Nervion. La nomination de son futur directeur demeure cependant politiquement et financièrement sensible.

BILBAO. Le projet de Frank O. Gehry pour le Guggenheim de Bilbao est marqué par deux références. Le musée de New York en constitue la première, avec la reprise de la célèbre "spirale" de Wright. Le bâtiment fait également écho au décor du Metro­polis de Fritz Lang. L’union du Ratio­nalisme et de l’Ex­pres­­sionnisme a conduit à un édifice "flexible", doté de dix-neuf salles de hauteur variable (entre huit et treize mètres), adaptées aux exigences de l’art contemporain. Situé sur les bords du Nervion, le nouveau musée, estimé à un peu moins de 510 millions de francs, s’étend sur une superficie de 24 000 m2, dont 10 500 sont consacrés aux espaces d’exposition. Les coûts de construction ont été entièrement pris en charge par le gouvernement basque. En échange, la Fondation Solomon R. Guggenheim prêtera trois cents œuvres (des avant-gardes historiques à nos jours), et ses grandes expositions itinérantes feront étape à Bilbao. Le musée ouvrira l’été prochain avec une présentation générale de l’art du XXe siècle, et poursuivra ses activités en accueillant la collection Nasher de sculptures modernes et contemporaines, puis une rétrospective consacrée à "Cinq mille ans d’art chinois". Selon les estimations de la fondation new-yorkaise, les entrées devraient couvrir 45 % des coûts de gestion du Guggenheim basque. Le musée espère attirer des mécènes locaux, bien que, depuis son lancement en 1993, le projet ait fait l’objet de critiques constantes (en particulier pour ses coûts exorbitants) et qu’il soit au centre d’une polémique sur la "colonisation culturelle" américaine dans une région espagnole particulièrement sensible aux idées autonomistes. Aussi les deux sièges que le Conseil d’administration réserve aux mécènes de Bilbao sont-ils toujours inoccupés. Tout le monde est suspendu à la décision d’Emilio Ybarra, directeur du Banco Bilbao de Biscaye, qui,  potentiellement,serait le plus riche mécène. La nationalité du futur directeur du musée pose en effet problème. En se bornant à préciser qu’il s’agira, de toute façon, d’une personnalité internationale, Thomas Krens, le directeur du Guggen­heim de New York, a mis la puce à l’oreille des Basques, qui font pression pour que le futur directeur n’apparaisse pas trop subordonné au musée américain. Les candidats les plus en vue seraient, pour l’instant, au nombre de trois : Javier Gonzalez de Durana, directeur artistique de la Sala Rekalde, une galerie de Bilbao, le jeune Miguel Zugaza, actuellement à la tête du Museo de Bellas Artes de la ville, et Guadalupe Etchevarria, directrice de l’École des beaux-arts de Bordeaux.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°36 du 18 avril 1997, avec le titre suivant : Le Guggenheim de Gehry

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