Grèce - Restauration

L’Acropole en chantier

Le site se prépare pour les J. O. d’Athènes en 2004

Par Martha Luftkin · Le Journal des Arts

Le 7 mars 2003 - 789 mots

En perspective des Jeux olympiques de 2004 à Athènes, les travaux de conservation et de restauration des monuments de l’Acropole se poursuivent. Si le retour des frises du Parthénon conservées au British Museum, à Londres, reste improbable, le projet du futur Musée de l’Acropole, conçu par Bernard Tschumi et Michalis Fotiadis, prévoit toujours un espace pour les accueillir.

ATHÈNES - En 1975, la Commission pour la restauration des monuments de l’Acropole inaugurait le chantier du plus prestigieux site grec d’archéologie. Les travaux, dont le budget atteint 32 millions d’euros, sont placés sous la responsabilité de la Commission de restauration des monuments de l’Acropole, composée d’éminents experts et présidée par le professeur Charalambos Bouras.

La première phase des travaux de consolidation de la masse rocheuse des flancs oriental et méridional de l’Acropole s’est déroulée de 1980 à 1993. L’opération comprenait l’analyse et le relevé topographique de la zone, l’étude archéologique des surfaces recouvertes par la terre, le désherbage, l’armature et l’ancrage des parties les plus instables du terrain au moyen de poutrelles en bois et en acier inoxydable.

La restructuration du Parthénon a commencé en 1983. Endommagée par l’explosion du 26 septembre 1687 – lors des affrontements entre Turcs et Vénitiens – puis ébranlée par les grands tremblements de terre (1986 et 1991), la façade est aujourd’hui ravalée. Du marbre neuf viendra remplacer les joints oxydés et les ajouts en ciment datant d’une précédente restauration. La remise en place des blocs de pierre au nord et au sud de la cella du temple sont achevés depuis peu. Dans le pronaos – l’espace antérieur précédant le naos, la partie intérieure et centrale du temple –, six colonnes ont bénéficié de nouvelles vertèbres en marbre (projet de Manolis Korres). Côté sud, la cinquième colonne, qui menaçait de s’écrouler, a été consolidée en 1992. Côté nord, les deux premiers interstices entre les colonnes accueilleront des architraves. L’entablement et huit colonnes de la colonnade subissent un démontage progressif en attendant leur restauration (projet de Kostas Zambas). Côté ouest, dans l’opisthodome – partie postérieure du temple qui reprend la disposition du pronaos –, le démontage de l’entablement est terminé (projet de P. Kouphopoulos) tandis que la remise en état de la structure des chapiteaux et des architraves se poursuit. Les poutres du plafond et les dalles de la frise ont été démontées puis consolidées sur place. Les frises qui montraient d’importants signes d’usure en surface se trouvent depuis 1993 dans les ateliers du Musée de l’Acropole. Leur restauration et nettoyage, grâce à une méthode au laser, sont prévus (projet d’Evi Papakonstantinou et K. Phratzikinaki), et des moulages de substitution sont en préparation.

Aux Propylées, après la remise en état d’une partie de l’entablement de la colonnade est (1981-1982), se poursuit la restauration des parties du niveau supérieur de la structure, démontées en 1992-1993 (projet de Maris Ioannidou et Tasos Tanoulas). Par la suite sera conduite la rénovation du revêtement en marbre de l’édifice central des Propylées, avec des dalles à caisson et des poutres qui, grâce à une recherche approfondie, retrouveront leurs emplacements d’origine.

Trois cents pièces d’architecture ont été démontées dans le temple d’Athéna Niké (projet de Démosthènes Giraud), et l’on procède actuellement à leur réparation systématique – soudures, adjonctions, et restauration en surface. La dalle en ciment armé sur laquelle le temple avait été assemblé par le passé sera remplacée par une autre dalle dotée d’une armature inoxydable, et des reproductions en pierre synthétique se substitueront à la frise ionique.

Les travaux de restauration de l’Erechthéion ont débuté en 1979 et se sont achevés en 1986. Les sculptures des cariatides ont été transférées au Musée de l’Acropole ; à leur place ont été installées des reproductions fidèles en pierre synthétique. Les joints en fer oxydé des marbres ont été éliminés au profit de nouveaux joints en titane et d’ajouts en marbre. Les blocs de pierre des murs latéraux de la cella ont repris leur disposition originale, après correction des erreurs effectuées lors de la restauration de 1902-1909. Depuis peu, les moulages des éléments originaux exposés au British Museum, à Londres, ont intégré l’angle nord-est du monument.

Très attendu, le Musée de l’Acropole sera bâti dans la zone Makrighianni et achevé d’ici 2004, pour les Jeux olympiques. Vainqueur du concours international d’architecture, en collaboration avec le Grec Michalis Fotiadis, le Franco-Suisse Bernard Tschumi a présenté son projet à la dernière Biennale d’architecture de Venise. Sa vision s’inscrit dans une volonté de mettre en valeur les œuvres que le musée abritera. Comprenant trois niveaux, le bâtiment offrira une grande galerie vitrée prévue pour accueillir les marbres du Parthénon. Vu de l’extérieur, l’édifice a été pensé pour accueillir la lumière du paysage grec et dialoguer, à travers la simplicité de ses formes, avec l’Acropole toute proche.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°166 du 7 mars 2003, avec le titre suivant : L’Acropole en chantier

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