Musée

La plus grande collection privée d’Espagne ouvre désormais toute la semaine

Par Antonin Gratien · lejournaldesarts.fr

Le 23 septembre 2019 - 471 mots

MADRID / ESPAGNE

Devant accroître ses recettes, le Palais de Liria de Madrid s’ouvre plus largement au public.

Le Palais de Liria à Madrid. © Photo Outisnn, 2011,
Le Palais de Liria à Madrid
Photo Photo Outisnn, 2011

Le Palais de Liria, résidence madrilène du duc d’Albe abritant l’une des plus importantes collections privées au monde, a inauguré jeudi 19 septembre sa nouvelle formule de visite. Jusqu’alors réservée à une poignée de privilégiés, l’accès aux collections du lieu incluant notamment des Goya, des Titien et des Rubens est maintenant ouvert toute la semaine au public.

Érigé en 1773, le bâtiment du palais de style néoclassique vaut à lui seul le détour. L’immense bâtisse de 3 500 m², placée au centre de la capitale espagnole, avait presque été entièrement détruite par des bombardements durant la guerre civile qui avait déchiré le pays entre 1936 et 1939. La majorité des œuvres du palais avait été placées en sécurité lors du conflit, et l’extérieur du bâtiment a été reconstruit en 1956.

Le lieu abrite des tableaux d’El Greco, de Rembrandt, de Vélasquez ainsi que des gravures d’Albert Dürer et Antoine Van Dyck. S’y ajoutent des porcelaines de la manufacture de Sèvre, des tapisseries de celle des Gobelins et une riche bibliothèque comprenant notamment des documents signés par Christophe Colomb ainsi qu’une première édition du Don Quichotte (1605) de Cervantes. 

Cette prestigieuse collection, débutée au XVe siècle et installée dans des salons visités, entre autres, par Winston Churchill et Charlie Chaplin, est maintenant accessible toute l’année. « Cette décision répond à une demande du public », a expliqué Carlos Fitz-James Stuart, 19e duc d’Albe et gestionnaire des biens des héritiers, auprès du quotidien espagnol El Pais. Auparavant, le palais n’était accessible que 2 heures chaque vendredi : « il y avait deux ans et demi de liste d’attente et cela ne pouvait plus durer, je n’aimais pas cette situation ».

Une autre raison plus pragmatique préside à cette décision. L’aristocrate a besoin d’argent pour entretenir son patrimoine. « Nous n’avons jamais reçu l’aide de personne, d’aucun organisme public, la reconstruction du palais a été entièrement financée par mes aînés […] je me suis retrouvé face à une énorme dette lors de mon héritage [après le décès de Cayetana Fitz-James Stuart]. Il faut maintenant prendre le taureau par les cornes », a-t-il déclaré. 

Outre le Palais de Liria, la Maison d’Albe est également propriétaire du Palais de Monterrey, à Salamanque, et du Palacio de las Dueñas de Séville. L’ensemble des possessions de la famille ducale est évalué à 3 milliards d’euros par le magazine Forbes. En 2016, la famille d’Albe avait dû vendre pour 18 millions d’euros au Musée du Prado la Vierge à la Grenade (1424) de Fra Angelico, chef-d’œuvre du quattrocento florentin, pour renflouer ses caisses. 

Le tarif d’entrée au Palais de Liria est de 14 euros, guide audio compris, pour des visites d’une heure en groupe. Le lieu espère attirer 80 000 visiteurs par an, ce qui représenterait une recette annuelle de 1 million d’euros. 

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