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La Fondation Bemberg a fermé pour travaux

Par Lorraine Lebrun · Le Journal des Arts

Le 15 mars 2021 - 681 mots

TOULOUSE

La fondation toulousaine entame un chantier de grande ampleur pour restructurer un musée vieillissant.

La Fondation Bemberg dans l'hôtel d'Assézat à Toulouse - Photo Pom, 2008 - CC BY 3.0
La Fondation Bemberg dans l'hôtel d'Assézat à Toulouse.
Photo Pom, 2008

Toulouse. Plus de 25 ans après sa création, la Fondation Bemberg, abritée dans l’hôtel d’Assézat, a fermé ses portes début novembre pour d’importants travaux. Ce grand chantier de modernisation doit permettre au musée toulousain de revoir entièrement ses installations techniques (climatisation, hygrométrie) ainsi que sa muséographie vieillissante.

Cette rénovation globale vise à « substituer 25 ans de petites modifications successives par une vision unitaire et plus moderne », tout en respectant l’héritage et l’esprit voulu par le fondateur Georges Bemberg, comme l’explique Philippe Cros, le directeur de la fondation.

L’architecte Philippe Pumain doit créer un parcours plus lisible et en cohésion avec le lieu, l’hôtel d’Assézat, un hôtel particulier classé du XVIe siècle. Est notamment prévu le dégagement des ouvertures de la galerie du premier étage.

S’agissant de la muséographie, le directeur précise que l’ambition est « de garder des ensembles de peintures cohérents chronologiquement, en essayant d’avoir une pièce par époque ». Cela signifie faire une place pour le XVIIe siècle, et ainsi « mettre en valeur les acquisitions récentes » venues enrichir les collections d’œuvres de Francisco de Zurbarán, Mattia Preti ou encore Simone Cantarini. D’autre part, si un esprit décoratif de period room du XVIIIe siècle doit perdurer, les nombreux objets d’art des XVIe et XVIIe siècles seront désormais présentés en vitrine. Enfin, un nouvel espace sera dévolu à la figure fondatrice de Georges Bemberg ainsi qu’à l’histoire du lieu.

Les travaux devraient commencer fin avril, pour une réouverture initialement prévue à la mi-février 2022, mais qui ne devrait pas intervenir avant la mi-avril. « Il y a un peu de retard, car le projet a évolué au gré des discussions », concède Philippe Cros, notamment au sujet du futur espace consacré aux expositions temporaires qui faisait défaut. Après avoir envisagé une salle voutée difficilement praticable, le choix s’est finalement porté sur un autre espace en sous-sol, relié au rez-de-chaussée par un escalier qui doit être construit. Cette modification structurelle est plus importante que prévue et nécessite « des autorisations administratives longues à obtenir et que nous n’avions pas anticipées », précise le directeur. Une « solution plus adaptée », qui permet d’obtenir deux espaces superposés de 100 m² chacun, mais qui entraînera un léger surcoût (environ 10 %) dans l’enveloppe initiale des travaux qui s’élevait à 1,9 million d’euros.

Le musée, fermé pendant plus d’un an et demi, tente de continuer de vivre hors les murs, par sa chaîne YouTube à destination des enfants récemment réinvestie, mais surtout en faisant voyager ses collections : l’exposition « Chefs-d’œuvre de la collection Bemberg » doit ouvrir ses portes début mars à la Fondation de l’Hermitage de Lausanne, si les conditions le permettent, tandis que deux autres expositions doivent être organisées à l’été et à l’automne aux États-Unis.

Accord pour les salariés licenciés

Conflit social. Au-delà des questions logistiques, la fermeture du musée touche en premier lieu la vingtaine d’employés du musée comme les agents d’accueil, de surveillance et les guides-conférenciers. En septembre dernier, seize d’entre eux, insatisfaits des possibilités de discussion avec la direction, ont décidé d’alerter la presse – dont le Journal des Arts– par le biais d’une lettre dénonçant un « plan social qui ne veut pas dire son nom » et un processus de négociation bloqué. Multipliant les actions – création du collectif des salariés de la Fondation Bemberg, diffusion d’une pétition sur Internet –, ils ont organisé un piquet de grève pendant les Journées du patrimoine [en septembre 2020], empêchant l’ouverture ce week-end-là. Ces actions ont atteint leur but puisque les négociations ont repris, permettant d’aboutir à un « compromis acceptable » pour les deux parties, explique un des salariés concernés. « Cela s’est bien fini », conclut Philippe Cros. Une rupture conventionnelle collective a été signée, assortie d’une clause de réembauche dont les termes sont encore en cours de discussion. regrette ce salarié, qui reconnaît que la direction a fait des efforts pour renouer le dialogue. « Pour ceux qui reviendront, il leur faudra réinvestir un lieu complètement repensé », ajoute le directeur, précisant qu’« en ce qui concerne la médiation, nous resterons dans la même configuration de travail, à 100 % fondée sur l’humain ».

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°562 du 5 mars 2021, avec le titre suivant : La Fondation Bemberg a fermé pour travaux

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