PARIS
Le siège a bénéficié d’une réhabilitation complète. Un chantier qui concilie création architecturale et préservation du patrimoine.

Paris. Encadrée par le théâtre de la ville et le théâtre du Châtelet, cachée derrière la fontaine du palmier, qui a déjà remarqué la Chambre des notaires de Paris (voir illustration) ? « Notre profession est comme notre bâtiment, tellement centrale qu’on ne la voit plus », notait Pierre Tarrade, président de la Chambre, à la veille de la réouverture de ce siège historique. La restauration-rénovation, menée conjointement par l’Atelier Senzu et l’architecte du patrimoine Xavier Lagneau, accompagne la transformation d’une profession qui tient à sa confidentialité, mais veut se montrer un peu plus ouverte sur la société.
Les notaires ont vécu ces dernières années un « bouleversement réglementaire et démographique », avec un renouvellement et un rajeunissement important de la profession : « Nous avons besoin d’une maison commune », explique Pierre Tarrade. Le bâtiment du XIXe siècle, qui possède tous les codes de l’architecture de son temps, mais était aussi encombré par les aménagements successifs du XXe siècle, doit retrouver de la transparence et de la lisibilité.
Ainsi, les allèges qui séparaient les baies du rez-de-chaussée, ajoutées dans les années 1960 lorsque des commerces s’installent à ce niveau, ont été retirées, pour faire de l’entrée de l’immeuble un espace ouvert au public. Objet d’une polémique patrimoniale de voisinage, le retrait de ces allèges s’inscrit en fait dans l’esprit global de la restauration, qui consiste à retrouver les volumes et dispositions d’origine. Cette approche patrimoniale (menée sur un édifice ne bénéficiant – étonnamment – pas de protection réglementaire) se lit aussi dans les étages supérieurs, avec la valorisation des décors peints de la grande salle de réunion des notaires : l’attention portée aux peintures murales du XIXe siècle, qui s’impose peu à peu dans les restaurations d’édifices religieux, gagne ici un bel exemple de restauration dans l’architecture civile.
Le respect du patrimoine se conjugue avec une démarche de création architecturale amenée par l’Atelier Senzu : « Nous portons cette attitude créative dans un contexte plus contraint, en nous concentrant sur la lisibilité entre parties publique et privée de la Chambre. Nous avons voulu mettre en scène la confidentialité, qui est au cœur du travail des notaires », explique Wandrille Marchais, cofondateur de l’Atelier Senzu.
À l’arrière du bâtiment, les espaces privés de travail ont été ainsi aménagés derrière une petite courette centrale, cachés derrière un grand mur rideau en verre bombé : une solution esthétique qui permet de jeter un coup d’œil sur les espaces inaccessibles au public, mais aussi structurelle, puisque les vitrages incurvés sont autoportants et étanches. Pour les collaborateurs de la Chambre des notaires, cette nouvelle façade sur cour crée des espaces de travail spacieux et baignés de lumière. « Tout en préservant le patrimoine, il s’agissait de rendre ces bureaux performants et adaptés aux exigences d’aujourd’hui », précise David Dottelonde de l’Atelier Senzu.
Au rez-de-chaussée, le duo d’architecte a mis en œuvre une expérience sur le remploi des déchets de chantier, en réutilisant les allèges retirées et la pouzzolane excavée sous les dalles. Découpées en un « carpaccio » de pierre, les allèges forment désormais la trame élégante du dallage du hall d’entrée. Là aussi, la démarche créative s’inscrit dans un esprit patrimonial, où rien ne se perd et tout peut se transformer.
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La Chambre des notaires s’ouvre sur la place du Châtelet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°654 du 25 avril 2025, avec le titre suivant : La Chambre des notaires s’ouvre sur la place du Châtelet