Musée

Italie : vers l’autonomie

Un projet de loi pour des musées plus libres

Par Silvia Dell’Orso · Le Journal des Arts

Le 1 juin 1995 - 505 mots

Le projet de loi du ministre des Biens culturels, Antonio Paolucci, prévoit d’accorder une part d’autonomie à la Brera, aux Offices, à Capodimonte et à un groupe de musées romains. Pour accompagner ces dispositions, 120 milliards de lires (360 millions de francs environ) seraient débloquées, et les musées concernés devraient conserver les droits d’entrée qu’ils perçoivent plutôt que de les reverser au ministère.

MILAN - À l’image du Louvre, et bientôt de Versailles, plusieurs musées italiens sont sur le point d’obtenir leur autonomie. Après avoir envisagé cette réforme uniquement pour les musées de Brera à Milan, des Offices à Florence et Capodimonte à Naples (y compris le Palais royal et le château Saint-Elme), le nouveau ministre des Biens culturels et de l’Environnement, Antonio Paolucci, a inclus dans son projet de loi un ensemble de musées romains constitué par les galeries Borghèse, Spada, Corsini et Barberini.

L’article 2 propose une enveloppe globale de 120 milliards de lires, pour la période 1995-1997, destinée à faciliter les nécessaires adaptations structurelles et fonctionnelles auxquelles ces musées devront faire face : "Cet argent, explique Antonio Paolucci, peut être récupéré d’une part en débloquant le FIO [le Fondo Investimenti Occupazione, créé en 1984, finance tous les projets d’utilité publique, ndlr], d’autre part en ponctionnant les fonds réservés de la loi de finances 1995." En outre, le ministre prévoit que les droits d’entrée "n’iront plus dans l’escarcelle commune du ministère, mais dans les caisses respectives de chaque musée."

Ces institutions seraient dotées d’un statut juridique propre et ne seraient donc plus rattachées aux diverses surintendances. "Il s’agit de donner forme à une idée qui a mûri avec le temps, explique le ministre. Il y a déjà eu, par le passé, quelques projets législatifs avortés, parce qu’on avait envisagé une réforme de trop grande envergure, impliquant l’ensemble des musées italiens ; mais aujourd’hui, tout le monde est pratiquement d’accord sur la nécessité de procéder à ces changements."

Un changement décisif
Cette mesure, qui n’affectera pour l’instant que quatre grands ensembles muséographiques italiens, témoigne d’un changement de registre décisif dans l’administration habituelle des musées et des Biens culturels, à peine troublée par la loi Ronchey. Il est vrai que le nouveau ministre travaille, comme il aime souvent à le rappeler, "avec un minuteur électoral au-dessus de la tête".

Antonio Paolucci affirme cependant qu’il disposera d’assez de temps pour mener à bien cette première étape : "Soutenu pratiquement par tous les partis, le projet de loi a déjà commencé son parcours parlementaire. Il est nécessaire de définir avant tout les caractéristiques de ces nouvelles institutions, avant d’envisager, par voie réglementaire, de les faire fonctionner en y associant des sociétés comme celle des Amis de Brera, qui peuvent servir de relais pour collecter des fonds privés."

Compte tenu des limites précises imparties à ces musées, le ministre déclare, à propos de leur future direction, que "l’idéal serait peut-être de pouvoir disposer d’un historien de l’art et d’un gestionnaire. Mais nous sommes en Italie, et je suis convaincu qu’il faudra que l’historien de l’art s’improvise gestionnaire !"

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : Italie: Vers l’autonomie

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque