Numérique - La RFID fait une entrée discrète au musée

Entrée timide de la RFID dans les musées

Malgré les apports profitables pour la personnalisation de la visite et la connaissance des publics, la radio-identification peine à être mise en œuvre dans les musées

Par Marie Habert · Le Journal des Arts

Le 29 janvier 2013 - 697 mots

Nouveau dispositif de médiation numérique à la fois économique et très simple, la Radio Frequency Identification (RFID ou radio-identification) a du mal à se mettre en place dans les musées. Cette technologie permet d’offrir à chacun une visite personnalisée.

FRANCE - Ces dernières années, les expérimentations de médiation de contenus introduisant les RFID (Radio Frequency Identification, soit la radio-identification) dans la scénographie des expositions se sont multipliées dans les musées. Simple et peu coûteux, le dispositif est composé d’une puce et d’un lecteur spécifique permettant de lire à distance, par radiofréquence, le contenu de la puce. La plupart des musées utilisant cette technologie dans leurs expositions ont choisi de faire de la puce RFID l’élément mobile du dispositif en l’intégrant dans les tickets d’entrée des visiteurs. Pour accéder aux contenus de la puce, il suffit aux visiteurs de l’interroger soit en passant devant un lecteur RFID, soit en badgeant la puce au niveau du lecteur. À condition d’avoir un environnement capable de différencier chacun des visiteurs porteurs d’une puce, il est alors possible de proposer à chacun une expérience de visite personnalisée.

Personnaliser la visite
En 2007-2008, à Tokyo, le laboratoire expérimental Louvre – DNP Museum Lab, fruit de la collaboration entre la société japonaise Dai Nippon Printing (DNP) et le Musée du Louvre, testait pour la troisième fois un dispositif de médiation RFID. Le dispositif mis en place à l’occasion de cette exposition offrait aux visiteurs une découverte personnalisée de l’œuvre de Titien, La Vierge au lapin. À l’accueil du Museum Lab, le visiteur se voyait remettre un baladeur multimédia équipé d’une étiquette RFID active permettant d’identifier sa position dans l’espace d’exposition. Il suffisait alors simplement aux visiteurs de s’approcher d’un dispositif pour recevoir les informations correspondantes. Stéphanie Orlic, chef de projet multimédia au Musée du Louvre, reconnaît que cette « technologie sans contact est un grand atout pour la fluidité de la visite et des visiteurs », et insiste sur les possibilités « très intéressantes offertes par la RFID en termes de visite et de postvisite personnalisée ».

Une expérience originale était d’ailleurs proposée aux visiteurs au cours de leur parcours. Dans une des salles de l’exposition, le visiteur pouvait observer une reproduction de l’œuvre tandis qu’une caméra (équipée de la technologie eyetracking) capturait le tracé de son regard restitué par une image fixe, visible sur un écran de la salle d’exposition, et qui s’enregistrait directement sur son ticket RFID. Cette expérience, qui permet de comparer sa manière de regarder l’œuvre à celle du conservateur, pouvait être récupérée par le visiteur, à l’issue de sa visite, dans son espace personnel sur le site Internet du Museum Lab – espace accessible grâce au code associé à la puce sur le ticket. Pour Stéphanie Orlic, il est important que le visiteur « puisse garder une trace de sa visite ». Emporter chez soi sa visite, pour la revivre, la partager ou approfondir sa découverte, apparaît actuellement comme la véritable plus-value des possibilités offertes par la RFID.

Traçabilité et analyse anonyme des données
Grâce à la technologie RFID, des études statistiques peuvent être menées pour renseigner les musées sur le comportement et le profil de leurs visiteurs. Globalement, les musées qui ont expérimenté la RFID dans leur médiation ont eu des retours quantitatifs importants et intéressants sur leurs publics en ce qui concerne l’ergonomie de la visite, les usages des dispositifs ou les déplacements dans les espaces d’exposition. L’avantage de la RFID étant de permettre une récolte de données de façon totalement anonyme car aucune information nominative n’est demandée aux visiteurs.

Avec tous les attraits que présente l’utilisation du dispositif RFID, on peut s’étonner de ne pas voir cette technologie se propager davantage dans les musées ; les usages sont restés en effet peu nombreux, et souvent expérimentaux. Le développement de technologies plus performantes – comme la NFC (Near Field Communication, soit communication en champ proche) qui utilise aussi la radiofréquence mais dont le support privilégié est le téléphone portable – explique probablement la marginalisation des dispositifs de médiation RFID. L’introduction dans la sphère muséale du téléphone portable comme support de médiation individuelle devrait, dans les prochaines années, remettre en question l’anonymat des données, et probablement la récolte de celles-ci.

Légende photo

Billet RFID, Louvre - DNP Museum Lab. © Photo : DNP.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°384 du 1 février 2013, avec le titre suivant : Entrée timide de la RFID dans les musées

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